Au lendemain de la mort de cinq soldats français en Afghanistan, l’amiral Edouard Guillaud, le chef d'état-major des armées, a estimé sur Europe 1 jeudi "possible si ce n’est probable" que l'attentat-suicide contre l’armée française ait été commis par "des étrangers, des non-Afghans". Selon lui, les talibans seraient "entraînés à l’extérieur du territoire et introduits dans le territoire pour faire le maximum de victimes possibles. Y compris dans la population".
L’armée française n’est pas plus visée qu’une autre
L’amiral Guillaud a affirmé que les talibans passent sur "le mode de la terreur aveugle, c’est-à-dire des attentats suicides". La raison ? "Ils ont sans doute compris qu’ils ne pouvaient pas gagner sur le terrain", a jugé le chef d’état-major des armées. Selon lui, la France n’est "pas plus visée que les autres parties d’Afghanistan. Pas plus l’armée française que l’armée afghane, que la police afghane ou que la population". Et d’ajouter : "ça se produit sur la totalité de l’Afghanistan".
Les talibans modifient leur guerre :
Pour autant, a assuré le chef d’état-major de l’armée, "les talibans ne peuvent pas gagner la guerre. Ils avaient annoncé qu’ils feraient une offensive de printemps. Mais quand on regarde les chiffres en nombre d’événements, c’est-à-dire aussi bien les accrochages avec les talibans que les attaques par explosifs improvisés, ils n’ont pas augmenté depuis l’an dernier". L’amiral affirme que "c’est la proportion qui a changé : plus d’attaques suicides et moins de combats directs. C’est leur mode d’action privilégiée".
Un des blessés dans un état préoccupant
L’amiral Guillaud a également eu une pensée pour les soldats morts dans l’attaque suicide de mercredi. "Ils sont morts pour la France. Ils ne sont pas morts bêtement, mais pour notre défense et notre protection", a-t-il jugé.
Quant aux blessés, il a assuré que "trois sont dans un état insatisfaisant. Le quatrième nous préoccupe un peu plus. Mais le service de santé des armées, qui est l'un des meilleurs du monde, fait tout son possible. Donc, je reste confiant", a-t-il assuré.
"Un retrait anticipé accroîtrait le danger"
Cette attaque est intervenue au lendemain de la visite surprise de Nicolas Sarkozy en Afghanistan. Le chef de l’Etat a annoncé à son arrivée sur la base de Tora, près de Kaboul, le retrait d'un millier de soldats français : un quart des effectifs présents dans le pays, d'ici fin 2012, et le retrait total de l’armée française en 2014. Et ce, alors que nombreux sont ceux qui plaident pour un départ anticipé. Ce dont le chef d’état-major de l’armée n’est pas favorable.
"Un départ anticipé, ça voudrait dire que nous transfèrerions toutes les responsabilités à des forces de sécurité afghanes insuffisamment formées et qui risqueraient d’être submergées", a-t-il assuré. Et d’ajouter : "ça accroîtrait le danger pour la population afghane". "Le retrait n’est pas forcément une décision militaire, ça peut-être une décision politique ou stratégique", a rappelé Edouard Guillaud.
L’armée française va coûter 1 milliard d’euros en 2011
Ces actions en Afghanistan coûtent cher. Chaque année, le budget de la Défense est réévalué. L’amiral Guillaud a expliqué sur Europe 1 que le "surcoût par rapport à une activité normale est d’un peu plus d’un million d’euros par jour". Et de préciser : "l’an dernier, nous avons dépensé 870 millions d’euros. Mais cette année, nous estimons que nous seront plus près d’un milliard d’euros que de 870 millions d’euros".
Alors qu’il reste aujourd’hui neuf Français retenus en otage dans le monde, l’amiral Guillaud a affirmé qu’ils "sont vivants". Sans pouvoir donner plus d’informations à leur sujet.