L’émission phare de l’été de M6, fait des émules. L’association des Jeunes agriculteurs de l’Aveyron organise samedi le premier Agri-dating de France. Le principe ? Agricultrices et agriculteurs ont rendez-vous pour une journée d’activités - du canoë, en passant par les cours de cuisine ou encore les jeux de quilles - et de rencontres avec des célibataires de la région. Ca se passe à Laissac. .
Trop de paysans ont en effet un cœur à prendre. Les agriculteurs seraient 26% à ne pas avoir trouvé l’amour, pour seulement 10% des agricultrices. Un phénomène en augmentation avec les années. Et qui touche particulièrement les jeunes : en 2000, ils étaient un tiers à vivre seuls.
Les éleveurs, les plus touchés
Une catégorie d’agriculteurs souffre plus particulièrement du célibat, les éleveurs de vaches. Près de la moitié des jeunes producteurs laitiers sont libres, notamment dans le Sud-Ouest ou encore le Massif central. Ce n’est pas le cas des céréaliers généralement plus riches et vivant plus proches de Paris, ni des maraîchers.
Si les agriculteurs eux-mêmes ont besoin d’organiser ces speed-datings agricoles, c’est en partie parce que leur métier ne fait pas rêver les célibataires. Europe 1 a écumé les agences matrimoniales et pas une n’est optimiste lorsqu’un paysan se présente à sa porte.
"Agriculteur", un mot tabou
La faute aux clichés. Les jeunes filles à qui l’on propose un rendez-vous avec un agriculteur le refusent systématiquement. D’abord parce que le mot "agriculteur" est tabou. Les agences préfèrent d’autres qualifications pour attirer les prétendantes : il n’est pas anodin de trouver en remplacement "chef d'exploitation" ou encore "agro-manager" sur les fiches des paysans, pour tromper le chaland.
Ensuite, les célibataires voient derrière un "agriculteur" un portrait peu ragoûtant : "une personne arriérée dans son look physique et dans son ouverture d’esprit" aux "mauvaises odeurs", avec "peu d’argent", au métier très "dur, sans week-end, ni vacances", raconte au micro d’Europe 1 Odile Garrelou, directrice d’une agence à Aurillac, dans le Cantal.
Une image faussée. Très loin de celle que veulent donner d’eux les premiers concernés. Les agriculteurs sont des passionnés. Et c’est bien le problème, confie à Europe 1 Joël Clergue. Cet Aveyronnais de 33 ans est un agriculteur célibataire dont le métier "envahit un peu (sa) vie". Mais ce n’est pas seulement ce qui l’empêche de trouver la perle rare. Pour lui, la campagne est un frein aux rencontres.
"Il faut aller chercher la rencontre" :
Un autre obstacle peut empêcher l’attirance vers les agriculteurs : la famille. Une fois le couple installé, "il se retrouve très souvent dans des situations de cohabitation avec les parents", déplore le sociologue François Purseigle. Et de facto, "ça rend difficile le couple", estime-t-il.
Pourtant, depuis peu, les mentalités évoluent. Aujourd’hui, ce sont les filles d’agriculteurs ou leurs ex-compagnes qui refusent plus nettement d’envisager leur vie avec des paysans. A contrario, les citadines sont de moins en moins effarouchées à l’idée de s’installer à la ferme. Peut-être est-ce un effet inattendu de la crise économique et du chômage ou bien encore du succès de l’émission L’Amour est dans le pré.
Pour lutter contre ce statut de célibataire, certains agriculteurs vont même jusqu’à rencontrer des femmes à l’étranger. Comment ? Des agences matrimoniales se sont spécialisées dans le domaine. Elles proposent aux paysans des rendez-vous avec des filles de l’Est, parfois même d’Afrique du Nord. Et chacun y met sa touche personnelle en vue de créer son propre remake du film d’Isabelle Mergaud, Je vous trouve très beau.