Du jour au lendemain, Louis van Proosdij s’est vu imposer un "changement de protocole". Tétraplégique depuis un accident de sport intervenu il y a 27 ans, ce chef d’entreprise, qui a alerté les pouvoirs publics via Twitter, a vu son dispositif de soins modifié par Santé Service, une association dispensant des soins hospitaliers à domicile. Plus qu’une douche par semaine au lieu d’une quotidienne. Une assistance pour se coucher avancée à 22 heures au lieu de minuit. Des changements vécus comme des bouleversements par Louis van Proosdij.
Face au buzz créé sur la Toile puis au sein de la classe politique, Santé Service réagit et rectifie le tir. Sur Europe 1, l’association précise qu’elle va "rétablir trois douches par semaine", et chercher un "moyen d’aménager la baignoire".
Des aides à domicile sur la corde
Mais au-delà de sa situation personnelle, l’entrepreneur souhaite "que ce buzz puisse servir à tout le monde". Cette affaire emblématique souligne en effet la fragilité du secteur des soins à domicile, à la fois pour les personnes handicapées et les personnes âgées.
Du côté des associations d’handicapés, on évoque des milliers de cas semblables à celui de Louis van Proosdij. Exemple, parmi d’autres, confié à Europe 1 : un tétraplégique que son aide soignant va lever de son lit à 11 heures, pour l'y remettre à 16 heures, faute de pouvoir repasser plus tard dans la journée.
4.000 emplois supprimés en 2010
Le secteur des emplois à domicile, qui emploie près de 50.000 personnes en France et qui comprend beaucoup de bénévoles, est très précaire. Les associations sont en effet la plupart du temps financées par des départements eux-mêmes dans le rouge. Des subventions en baisse, ce sont des emplois en moins. Jean-Marie Barbier, président de l'association des Paralysés de France, confie à Europe 1 que l'une de ses antennes, dans les Yvelines, est menacée de fermeture. "Une vingtaine de salariés risquent de se retrouver sur le carreau", explique t-il. 30 bénéficiaires de cette aide risqueraient également d'en pâtir.
En 2010, quelque 4.000 emplois sur près de 50.000 ont disparu du secteur de l'aide à domicile. Cette année, 5.000 à 6.000 emplois seraient menacés, selon les associations. Soit tout autant de personnes qui ne seront pas prises en charge.