L'Etat votera contre le versement d'une prime de non-concurrence de 400.000 euros à l'ex-DG.
C'est le premier "coup de rabot" sur les rémunérations des grands patrons. Le ministère de l'Economie refusera de valider la prime de non-concurrence de 400.000 euros versée à l'ancien directeur général d'Air France-KLM, Pierre-Henri Gourgeon, lors de l'assemblée générale de la compagnie jeudi. Bercy l'a annoncé mardi soir dans un communiqué. Et alors que Bercy a évoqué une "abstention" de l'Etat actionnaire.Même son de cloche, mercredi, à la sortie du Conseil des ministres.
L'Etat, actionnaire minoritaire d'Air France/KLM, a décidé de voter "contre" le versement d'une prime de non-concurrence de 400.000 euros à l'ex-directeur général de la compagnie aérienne Pierre-Henri Gourgeon, a annoncé le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg. "Nous voterons contre la prime qui a été accordée à l'ancien dirigeant d'Air France et qui a mis la société dans cette grave difficulté, cela s'appelle la décence salariale", a-t-il estimé.
L'Etat est actionnaire à 15%
Cette annonce s'inscrit dans le contexte d'une volonté de François Hollande de fixer un éventail maximal de 1 à 20 des rémunérations dans les entreprises publiques. Cette mesure, qui est programmée pour la fin mai et devrait prendre la forme d'un décret, s'appliquera "aux contrats en cours", avait confirmé mardi le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault.
"L'Etat attend un comportement exemplaire en matière de rémunérations des dirigeants. Le gouvernement définira très prochainement de nouvelles règles sur la rémunération des dirigeants d'entreprise, conformément aux engagements du Président de la République", avaient ajouté le ministre de l'Economie Pierre Moscovici et son homologue chargé du Redressement productif, Arnaud Montebourg. L'Etat français est actionnaire d'Air France-KLM à hauteur de 15%.
La mise au point de Air France-KLM
La semaine dernière, le syndicat aérien Unsa avait enjoint l'ensemble des actionnaires, des salariés, et l'Etat de refuser le versement de cette prime de non-concurrence à Pierre-Henri Gourgeon.
Face aux protestations, Air France-KLM avait publié une mise au point écrite où elle expliquait que la prime avait déjà été versée, qu'elle répondait aux obligations et aux usages, et que les actionnaires ne pouvaient pas revenir dessus.
Un parachute de 1,125 million d'euros
Pierre-Henri Gourgeon, évincé en octobre 2011 de la direction générale d'Air France-KLM en raison de la mauvaise situation de la société, déficitaire et endettée, percevait un salaire annuel de 750.000 euros, auquel s'ajoutait une part variable de 263.000 euros.
A son départ, il a reçu une indemnité - un "parachute" - de 1,125 million d'euros, plus la fameuse indemnité de non-concurrence de 400.000 euros, en échange du respect d'un engagement de non-concurrence pour trois ans, selon les documents.