Journée décisive pour les salariés d'Air France. Vendredi, deux rendez-vous ont marqué la journée des syndicats et tous deux se sont soldés par des échecs de négociation. La première rencontre était organisée entre Thierry Mariani, ministre des Transports et les syndicats de l'aérien au sujet de la proposition de loi visant à encadrer le droit de grève.
Le second rendez-vous, la tenue du comité central d'entreprise, se tenait entre les membres de la direction et les représentants des employés. Ce CCE d'Air France, qui avait lieu après quatre jours de grève du secteur aérien, a été interrompu par des salariés. Ces derniers s'opposent au projet de renégociation d'une bonne partie des accords collectifs.
La direction mise dehors
En signe de protestation, les salariés ont fait irruption en pleine réunion et ont contraint les membres de la direction à quitter la salle. Une journaliste de l'AFP a constaté des sifflets et des huées de la part de manifestants qui scandaient "on est chez nous, on est chez nous" et qui ont fait "une haie d'honneur" aux membres de la direction qui ont dû quitter les lieux.
Après ce face-à-face tendu, Air France a fait savoir que le CCE était "terminé" et qu'elle "regrettait vivement que le fonctionnement du CCE ait été ainsi entravé". La compagnie précise néanmoins que la session avait été ouverte "normalement à 9h30 au siège de Roissy", que "l'exposé de la motivation de ce CCE a été fait et l'ensemble des points à l'ordre du jour nommés".
Le PDG joue la pédagogie
Le PDG Alexandre de Juniac, qui avait reçu jeudi après-midi les syndicats, n'était pas présent au CCE. Ce dernier s'était pourtant livré à un exercice de pédagogie mercredi en tentant de calmer les inquiétudes des salariés.
Alexandre de Juniac estime qu'il est impératif de renégocier une grande partie des accords sociaux d'ici à l'été afin d'améliorer la productivité des personnels. Dans une vidéo diffusée en interne mercredi dont Les Echos avaient pu avoir connaissance, Alexandre de Juniac déclarait : "La dénonciation [des accords collectifs] ne signifie pas que nous remettons en cause le dialogue social (...). La dénonciation est un moyen de dire que l'ensemble des accords qui régissent nos modes de fonctionnement (...) doit être revisité et renégocié pour s'adapter à notre nouvel environnement économique (...). C'est donc un renouveau de la politique contractuelle".
La direction a donc proposé vendredi aux syndicats un accord fixant un calendrier et les sujets à revoir, ce qui pourrait éviter une dénonciation formelle de ces textes, également à l'ordre du jour du CCE. Des propositions qui n'ont toutefois pas empêché la tenue d'une manifestation le jour même à proximité du CCE d'Air France.
Menace d'une nouvelle grève
Parallèlement à cette réunion, les syndicats des transports aériens ont rencontré Thierry Mariani pour s'opposer à la proposition de loi encadrant le droit de grève, votée en première lecture le 24 janvier par les députés. La rencontre avec le ministre des Transports s'est achevée sur une impasse.
Interrogé sur BFM TV, Thierry Mariani a en effet annoncé que le texte de loi serait bien examiné le 15 février au Sénat avant de revenir devant les députés. A l'annonce de cette nouvelle, les syndicats du transport aérien n'ont pas exclu une nouvelle grève dans ce secteur.