Alors que Benoît XVI est pointé du doigt pour n’avoir pas tout dit sur des affaires de pédophilie impliquant des hommes d’Eglise, le père Alain de la Morandais a pris pour cible, lundi sur Europe 1, son prédécesseur, Jean Paul II. "On va remettre en cause la béatification", a assuré le prêtre.
Jean Paul II a maintenu "l'omerta"
"C’est Jean Paul II qui le premier a fait l’omerta et la loi du silence", a assuré le père Alain de la Morandais. Il s’est notamment interrogé : "Pourquoi est-ce qu’il a protégé les Légionnaires du Christ (…) dont le fondateur est accusé d’avoir des enfants, d’avoir violé ses fils ?".
L’enquête officielle de l’Eglise sur cette congrégation vient de s’achever. Ses conclusions ne sont pas encore connues. Mais dès, le Vatican avait demandé à son fondateur, le père Marcial Maciel, de se retirer pour mener "une vie réservée de prière et de pénitence". Il est mort en 2008. "Nous exprimons une fois de plus notre douleur et nos regrets à toutes les personnes qui ont souffert du fait des actions de notre fondateur", a fait savoir la congrégation fin mars.
Le père Alain de la Morandais s’en est aussi pris à l’organisation de l’Eglise, qu’il a décrite comme une "monarchie absolue". "L’Eglise n’est pas victime d’un lynchage médiatique. Elle est victime de son système institutionnel", a-t-il expliqué. Ajoutant : "Quand je vois l’Eglise fait des leçons de démocratie à certains pays, j’ai envie de lui dire : regarde-toi".
La formation des prêtres en cause
Autre plaie pour l’Eglise : la formation des prêtres. Le père Alain de la Morandais l’a certifié : à 25 ans, il ne savait pas ce qu’était la pédophilie. Pour toute une génération de prêtres, "nous n’avons eu aucune formation sur le plan de la sexualité, ce mot n’existait pas", a-t-il rappelé. "Je pense que la nouvelle génération des prêtres, qui ont maintenant 40 ou 50 ans, ont été formés et qu’on n’aura plus de scandale pareil. I hope [j’espère, NDLR]. Je ne suis pas sûr", a-t-il ajouté.