Oubli de bagages, provocation, défis entre adolescents… Chaque jour, les trains d'Ile-de-France subissent en moyenne 24 signaux d'alarme injustifiés, générateurs de retards sur les lignes. Agacée, la SNCF entend endiguer ce phénomène grâce à une campagne de sensibilisation et des sanctions pénales plus lourdes.
L’Ile-de-France particulièrement touchée
Au sein de la zone Ile-de-France, qui représente 80% des alarmes tirées en France, les lignes les plus touchées sont la ligne J du Transilien, ainsi que les lignes B et E du RER.
"Sur les 8.741 alarmes tirées en 2010 en Ile-de-France, 95% le sont sans raison, par jeu, par provocation ou par volonté de retenir un train", a expliqué le directeur des lignes Transilien de Paris-Saint-Lazare, Olivier Devaux. L’enjeu est de faire connaître aux usagers des lignes franciliennes les nouvelles dispositions législatives de 2009. Depuis cette date, tirer une alarme de train sans raison est un délit, puni de 3.750 euros d'amende, contre 155 euros auparavant, et d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à cinq ans.
"Maintenant, la SNCF porte plainte systématiquement, quand c'est possible, en cas de signal d'alarme injustifié", prévient Gilles Gautrin, directeur délégué sûreté Ile-de-France pour la SNCF. L'auteur étant difficilement repéré en flagrant délit, une dizaine de plaintes ont été déposées depuis six mois.
Des agents pour raisonner les jeunes
La plupart du temps, l’usage inapproprié des alarmes est le fait d’adolescents, qui ne mesurent pas les conséquences de leurs actes. Aizzoune Ilham, responsable des agents de médiation sur la ligne J du Transilien reliant Paris-Saint-Lazare à Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines, explique qu’ils agissent, par "effet de groupe". Ils tirent les signaux "pour rater une interro et avoir un mot disant que le train a été retardé", ou pour attendre un copain, confie-t-elle à Europe1.
"On leur dit : ‘si tu tires l’alarme, ça peut être aussi un casier judiciaire", explique la responsable. Les agents de médiation de la SNCF tentent de raisonner les jeunes, en leur rappelant qu’in fine, "c’est la famille qui paiera l’amende".
Les lycéens sensibilisés
Certains établissements ont également pris l’initiative de prévenir leurs élèves des sanctions qu’ils encourent. Au lycée Lavoisier de Porcheville, dans les Yvelines, la SNCF organise une semaine spéciale chaque année durant laquelle Diider Durand, un représentant de la compagnie, travaille avec les élèves sur les thèmes de la sécurité et de la citoyenneté. "Des jeunes de 16 ans n’ont pas forcément conscience du danger", explique Philippe Moynard, le proviseur adjoint de l’établissement où sont scolarisés des élèves qui prennent le train depuis les Mureaux ou de Mantes.