Il s'agit d'une avancée considérable dans la lutte contre l'alcoolo-dépendance.. Le baclofène, utilisé depuis quarante ans comme relaxant musculaire, devrait se voir accorder une recommandation temporaire d'utilisation (RTU) cet été. Dominique Maraninchi, le directeur général de l'Agence nationale de Sécurité du Médicament (ANSM), l'a annoncé lundi matin.
50.000 buveurs excessifs l'utilisent. Malgré l'absence d'autorisation de mise sur le marché (AMM), le baclofène est déjà prescrit par environ 7.000 médecins en France. Ces prescriptions, tolérées par la Sécurité sociale, permettent à environ 50.000 buveurs excessifs d'être traités à ce jour. Et selon des chiffres de la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM), sa prescription hors AMM a augmenté de 29% l'an dernier.
>> Lire aussi : Le Baclofène, un produit miracle ?
Plus de sécurité pour les médecins. Dès que la recommandation temporaire d'utilisation (RTU) sera officielle, les médecins pourront librement prescrire du baclofène à leurs patients alcoolo-dépendants. Ils n'engageront plus leur responsabilité personnelle. Ce sera aux autorités sanitaires ou aux laboratoires de rendre des comptes en cas de problème.
Deux essais en cours. Avec une durée maximale de trois ans, la RTU n'est pas une fin en soi pour le baclofène. Les conclusions de deux études cliniques, attendues d'ici un an, permettront de connaître précisément l'efficacité du baclofène contre l'alcoolisme et surtout les risques liés à ses effets secondaires.
Un médicament très populaire. L'utilisation du baclofène a explosé en 2008 après la parution du livre d'Olivier Ameisen, Le dernier verre. Ce cardiologue devenu alcoolique y racontait que le médicament avait supprimé son envie de boire. D'autres, depuis, ont pris sa roue et militent pour une reconnaissance de l'efficacité du baclofène dans la lutte contre la dépendance alcoolique. Sur Europe 1, mi-avril, le Dr Renaud de Beaurepaire dénonçait la "diabolisation" du médicament. "L'alcoolisme est une maladie dévastatrice et il se trouve qu'il existe un médicament qui soigne extraordinairement bien l'alcoolisme. Or les médecins ne le prescrivent pas. C'est un paradoxe", regrettait le chef du pôle de psychiatrie à l'hôpital Paul-Guiraud de Villejuif et auteur de Vérités et mensonges sur le baclofène. Toujours en avril, une trentaine de personnalités avaient signé un appel dans lequel ils dénonçaient "l'atermoiement" des pouvoirs publics dans ce dossier.
"Aucun effort à faire". "Avec ce médicament, on oublie l’envie de boire, il n’y a aucun effort à faire", expliquait Olivier Ameisen dans son ouvrage. Mina, 43 ans, l'a confirmé lundi à Europe 1. "Je buvais entre une à trois bouteilles par soir, confie-t-elle au micro Europe 1. "J'ai tout de suite vu les changements. Au bout de quelques semaines, j'ai réduit ma consommation de moitié", ajoute-t-elle. Une augmentation de la prise lui permet "d'atteindre "l’indifférence". Désormais, Mina, qui prend du baclofène depuis 2009, "peut boire un coup, mais ne pas forcément en avoir envie". "Je ne bois plus ce qui traîne, jusqu'au bout", conclut-elle.