Dangereuses, les algues vertes ? Maurice Briffaut n'en doute pas. En 1999, il en ramassait avec un tractopelle sur la plage de Saint-Michel-en-Grève, près de Lannion, quand sa vie a failli basculer. "Je finissais de charger un camion d’algues vertes. J’ai fait une marche arrière et je me suis effondré. Je ne m’étais jamais senti partir, je suis tombé net avec la machine en route", explique-t-il à l'envoyé spécial d'Europe 1.
Sauvé de justesse par deux joggeuses de passage qui l'ont extrait de sa cabine, le conducteur d'engins sera plongé cinq jours dans le coma. "Je suis passé à un fil de la mort", raconte-t-il. "A 22 heures, j'étais dans un état désespéré. Déjà quand je suis arrivé à l'hôpital, j'étais quasiment mort", souffle-t-il. Les gaz respirés toute la journée sont la cause de ce malaise soudain qui, en 1999, n'était déjà pas le premier. Près de dix ans avant, "un joggeur avait été retrouvé dans les algues, exactement au même endroit. Il a voulu les traverser et est tombé d'un mètre, sans jamais pouvoir remonter. Il est mort".
"Si les animaux meurent, les humains peuvent mourir"
Aujourd'hui, comme beaucoup, Maurice Briffaut est écœuré de la situation. Le Breton a l'impression que "rien n'a changé" depuis plus de dix ans, alors que les algues vertes sont plus présentes que jamais sur le littoral français. Dans les Côtes-d'Armor, d'où est originaire le conducteur d'engins, les environnementalistes dénoncent l'aveuglement des autorités sur le sujet.
Trois tonnes ont été ramassées la semaine dernière sur les plages armoricaines, soit un peu plus qu'à la même période l'année dernière. Une trentaine de sangliers a déjà péri à cause de ces algues toxiques. "Si les animaux meurent, les humains peuvent mourir", clame André Ollivro, de l'association Halte aux marées. Il y a selon lui "un risque de s'enliser et d'y mourir", en plus de celui d'inhaler des gaz toxiques.
Les algues vertes prolifèrent avec l'aflux des nitrates agricoles dans certaines conditions : faibles fonds marins, eaux peu remuantes, chaleur et luminosité. Inoffensives quand elles sont fraîches, elles dégagent en se putréfiant un gaz toxique qui peut être mortel.