Les écolos piqués au vif. Le chef de l'Etat a promis jeudi que l'Etat continuerait les actions de ramassage des algues vertes qui polluent le littoral breton et qu'il soutiendrait les projets de méthanisation agricole pour réduire les rejets d'azote à l'origine de leur prolifération. Participant à une table ronde sur la protection du littoral à Crozon, dans le Finistère, le président en a profité au passage pour égratigner les écologistes "intégristes" dans ce dossier.
"Absurde de montrer du doigt les agriculteurs"
Prenant la défense des agriculteurs, le président a jugé "absurde de désigner des coupables, de montrer du doigt des agriculteurs qui ont fait d'énormes progrès en la matière (...) et qui ne sont pas coupables de choix économiques qui ont été faits il y a bien longtemps".
"Il y aura toujours les intégristes qui vont protester", a affirmé Nicolas Sarkozy :
"Bien sûr, il y aura toujours les intégristes qui vont protester. Je ne sais pas si c’est la médiatisation ou quoi mais on n’entend qu’eux, sur tous les sujets. Plus on est intégriste, plus c’est excessif. Plus ça ne correspond à aucune réalité, plus on vous donne la parole", s'est-il indigné.
Pour les écolos, Sarkozy "abuse l'opinion"
"On a bien plus l’impression d’un discours pré-électoral, qui s’adresse aux agriculteurs, à un lobby assez puissant, mais à une petite frange des agriculteurs, c’est-à-dire ceux qui essaient de faire de l’argent en faisant du volume. (…) C’est négliger une grande part des agriculteurs qui ont un autre modèle", a réagi au micro d’Europe 1 Benoit Hartmann, porte-parole de France Nature environnement (FNE).
Benoit Hartmann explique pourquoi il y a toujours plus d’algues vertes :
"En Bretagne, 20% des agriculteurs sont responsables de 90% des nitrates. (…) Cette année, dans le Finistère, il y a six fois plus d’algues vertes qui ont été ramassées. On est sur des quantités délirantes", a-t-il alerté.
"Un déni de réalité" pour Lepage
L'ancienne ministre de l'Ecologie, Corine Lepage, a fustigé vendredi matin sur Europe 1 les critiques de Nicolas Sarkozy : "Je ne comprends pas que le président se permette d'intervenir sur qui est responsable de quoi puisqu'il y a une procédure en cours", a-t-elle dit, en faisant allusion au décès d'un cheval en 2009, qui avait succombé aux effluves toxiques des algues vertes en Bretagne.
"Nous sommes dans un déni de réalité. Le jour où l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) lance un cri d'alerte sur la dangerosité de ces algues, le président vient stigmatiser ceux qui en sont les victimes et se plaignent de cette situation", a critiqué Corinne Lepage. "Les algues vertes sont dues au phénomène des nitrates et à l'extension des porcheries en Bretagne. Ça fait 15 ans que l'Etat sait et ne veut pas faire : il ne suffit pas de retirer les algues vertes", a-t-elle ajouté.
L'association Eau et Rivières de Bretagne a souligné pour sa part, dans un communiqué, qu'"en laissant croire que la méthanisation du lisier, qui ne supprime pas l'azote, permettrait d'éradiquer les marées vertes, le président de la République abuse l'opinion et rend un bien mauvais service à la protection du littoral".
Dopée par les rejets de nitrates dans l'eau dus à l'agriculture et à l'élevage intensifs, la prolifération des algues vertes s'est accentuée cette saison.