L'INFO. La cour d'appel de Paris a examiné jeudi des demandes d'annulation des mises en examen de plusieurs personnes, dont Martine Aubry, poursuivies dans un des dossiers emblématiques de l'enquête sur le drame sanitaire de l'amiante. Dans la soirée, la chambre de l'instruction de la cour a mis sa décision en délibéré au 17 mai. Cette audience à huis clos avait débuté devant la chambre de l'instruction alors que plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées à l'extérieur du palais de justice de Paris à l'appel de l'Association nationale des victimes de l'amiante (Andeva).
Une affaire sans procès ? Les victimes ont aujourd'hui l'impression que la justice met tout en œuvre afin qu'il n'y ait jamais de procès dans cette affaire. Michel Parigot est le vice président de l'Andeva, l'association des victimes de l'amiante, il évoquait jeudi "un moment essentiel" dans l'affaire, au micro d'Europe 1.
"La question qui est posée est de savoir si l'on aura un jour un procès pénal", a-t-il estimé en rappelant que cela fait "dix-sept ans que les plaintes ont été déposées et autant d'instruction". "Tous les obstacles ont été mis pour qu'il n'y ait pas de procès pénal de l'amiante", a-t-il déploré.
"Extraordinaire et choquant". "Il est tout à fait normal que les mis en examen demandent l'annulation de cette mesure mais le parquet soutien cette annulation pour tous les mis en examen", a-t-il déploré. "Hors, parmi eux, il y a les principaux responsables de la catastrophe sanitaire : les industriels".
Pour le Michel Parigot, ces industriels "connaissaient tous les dangers et savaient que cela ferait des milliers de morts". "La demande du parquet est extraordinaire et extrêmement choquante", a-t-il asséné. "Si on reproduisait les arguments du parquet dans l'affaire du sang contaminé, le professeur Jacques Roux et le docteur Garetta, qui ont été condamnés, ne seraient même pas mis en examen"