Marie-Odile Bertella-Geffroy, juge d'instruction au pôle santé du tribunal de grande instance de Paris, dénonce mercredi dans Le Parisien le manque de moyens et de volonté politique pour aboutir à un procès de l'amiante, les premières plaintes datant de 1996. La magistrate met l'accent sur "l'isolement du juge", "son manque total de moyens propres" et "sa dépendance vis-à-vis du ministère de l'Intérieur décidant du nombre des enquêteurs de police judiciaire, policiers ou gendarmes affectés à tel ou tel dossier".
Pour la vingtaine de dossiers concernant l'amiante que traite son cabinet, la juge réclame la cosaisine de deux magistrats, deux enquêteurs judiciaires ayant déjà travaillé sur ces dossiers, deux assistants de justice et un médecin ou un inspecteur du travail, estimant qu'avec ces moyens supplémentaires, l'instruction pourrait être terminée "dans un an".
La juge Bertella-Geffroy relève également "deux problèmes" dans la législation française: "l'inadaptation des seules qualifications juridiques d'+homicides et blessures involontaires+ applicables dans ce type de dossier et la non-prise en compte en France du caractère collectif de ces catastrophes, qui ne sont appréhendées que comme une succession d'accidents individuels."