Assise sur un fauteuil drapé de tissus roses, Amma ouvre les bras et une femme vient s'y blottir, la tête contre sa poitrine : pendant trois jours à Toulon, cette étreinte de la femme gourou la plus célèbre du monde, symbole de la compassion universelle, va se reproduire des milliers de fois. Pour sa visite annuelle dans le Var, Amma ("mère"), Mata Amritanandamayi de son vrai nom, va serrer dans ses bras entre 15.000 et 25.000 personnes, hommes, femmes et enfants confondus. Toulon n'est qu'une étape de son tour d'Europe annuel, qui passe aussi par Pontoise, Barcelone, Milan et Dublin.
Dans chaque ville, fidèles et curieux se pressent, faisant souvent la queue pendant plusieurs heures, pour recevoir l'étreinte de cette quinquagénaire haute comme trois pommes, aux formes rondes et au sourire rayonnant.
"L'étreinte est un geste spontané, c'est comme une fleur qui s'ouvre", explique-t-elle en malayalam, la langue du Kerala, l'Etat d'Inde du Sud dont elle est originaire. "Le principe de toutes les religions est l'amour et la compassion", ajoute-t-elle entre deux étreintes.
Considérée comme un "Mahatma", une "grande âme", Amma incarne pour ses fidèles l'amour maternel sans borne. Pourtant, en Inde, où le système des castes limite fortement les contacts physiques entre personnes, étreindre un inconnu n'est pas un geste anodin.