L'INFO. Comme en première instance, la justice n'a pas condamné Andy. L'adolescent qui avait tué en 2009, à l'âge de 16 ans, toute sa famille en Corse, a été jugé vendredi irresponsable, en appel, par la cour d'assises des mineurs des Bouches-du-Rhône. L'avocat général avait requis jeudi de 12 à 15 ans de réclusion contre Andy.
• Une "irrésistible pulsion" en pleine nuit. Les faits se sont produits au milieu de la nuit du 11 au 12 août 2009, à Albitreccia, près d'Ajaccio, en Corse-du-Sud. Andy, un jeune homme jusque-là sans problèmes, s'était réveillé subitement avant de s'emparer d'un fusil à pompe appartenant à son père. L'adolescent avait ensuite abattu dans leur chambre son père et sa mère. Puis il avait tué ses deux frères. Des jumeaux âgés de 10 ans, qu'il avait gardés la veille alors que ses parents dînaient chez des voisins. Andy avait ensuite vidé le coffre-fort de la chambre des parents, contenant 2.500 euros et une montre de valeur, avant de quitter la maison. Il s'était ensuite taillé les veines avant d'adresser en pleine nuit des appels à l'aide à des amispuis d'appeler le 17 pour évoquer des coups de feu et une agression. Ce n'est que la nuit suivante qu'un de ses oncles l'avait retrouvé, sur une plage des environs. Ce dernier avait ensuite conduit l'adolescent à la mairie. C'est là qu'Andy a raconté aux gendarmes avoir tué sa famille, en évoquant une "irrésistible pulsion".
• "Condamner, c'est comprendre". Retour en 2013. Au procès en appel à huis clos, la question de l'altération ou de l'abolition du discernement du jeune homme au moment des actes est apparue une nouvelle fois comme centrale, les faits étant clairement établis et l'accusé les ayant reconnus. Dans la matinée de vendredi, les avocats du jeune homme ont plaidé l'irresponsabilité et le maintien en unité pour malades difficiles (UMP) de leur client. Jeudi soir, Me Romina Cresci avait demandé à la cour "de se retourner avec humilité vers la part sombre que l'on a en nous". Présentant un adolescent aux confins de la névrose et de la psychose, Me Jean-Charles Vincensini avait quant à lui souligné la complexité et la divergence des expertises psychiatriques. "Condamner, c'est comprendre. Si vous avez compris, condamnez-le", avait-il lancé.
• Les "mensonges" d'Andy. L'avocat général Gilles Rognoni avait requis jeudi une peine de 12 à 15 ans de réclusion, estimant cependant que, si le jeune Andy est accessible à une sanction pénale, son discernement était altéré au moment des faits. L'audience a vu défiler de nombreux experts psychiatres à la barre, dont les avis ont, comme lors du premier procès, divergé sur la responsabilité du jeune homme. Ils ont cependant majoritairement pointé ses "troubles de la personnalité".
Le magistrat avait en revanche rejeté "l'irréalité" dans laquelle Andy prétend s'être trouvé, et mis en avant les "mensonges" du jeune accusé. Tout au long de l'audience, la cour a ainsi relevé des incohérences entre les explications de l'accusé et les expertises balistiques et médico-légales, notamment sur la manipulation des corps après la mort et le repas de ses deux petits frères. Les avocats des parties civiles ont longuement insisté sur ces mensonges, dénonçant également le "cynisme" et les "silences" de l'accusé, mais rejeté en revanche toute altération ou abolition du discernement.
•"La famille n'a toujours pas eu d'explications". A l'énoncé du verdict, l'accusé est resté impassible avant de sangloter, prostré, quelques minutes plus tard. Du côté des parties civiles, c'est une nouvelle déception. "La famille est frustrée une fois de plus de la vérité, elle n'a toujours pas eu d'explications", a réagi Me Jean-Michel Mariaggi, représentant la famille de la mère. "Il n'y a pas eu un mot d'Andy. Ce ne sont pas des condoléances de circonstances pré-fabriquées pour les besoins de l'audience et manquant totalement de sincérité, qui convaincront sa famille. Il n'y a rien qui laisse entendre qu'il veuille retourner en son sein".