Salaires inégaux, horaires sans cesse changeants, frustration de ne pas se sentir valorisés alors qu'on leur demande "toujours plus"… Les reproches faits par les salariés à la direction d'Apple France sont nombreux, alors qu'un appel à la grève a été lancé pour vendredi par le syndicat Sud (minoritaire).
Malgré ce mouvement de grogne, les magasins devraient rester ouverts. Mais en ce jour de sortie de l'iPhone 5, des salariés du groupe, connu pour sa culture du mystère, racontent l'envers du décor et leur déception.
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"Aucune prime sur les ventes"
"On m'a vendu du rêve mais vu de l'intérieur, la réalité est tout autre. Je suis plutôt satisfait de mon salaire, je gagne environ 24.000 euros bruts par an, mais il n'y a pas de grille salariale publique et on ne comprend pas pourquoi, à poste équivalent, certains gagnent plus, c'est à la tête du client", déplore ce salarié qui travaille à l'Apple store Opéra à Paris depuis deux ans.
Lorsqu'il est arrivé dans cette entreprise, il avait, dit-il, "des paillettes dans les yeux". "Le problème c'est surtout qu'on n'a aucune prime sur les ventes, que je vende un iPhone ou cent, mon salaire est le même", assure ce vendeur dont les "horaires changent tout le temps".
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"Des salaires qui arrivent en retard"
Cet autre ex-employé de l'Apple store Opéra était aussi un "fan de la marque" mais très vite, il a fini par déchanter. "Je ne supportais plus les conditions de travail, j'avais l'impression d'être pris pour un imbécile et de ne pas être respecté et écouté par ma direction, bref, j'étais dégoûté", raconte-il. Il dénonce pêle-mêle des "salaires qui tombent à plusieurs reprises avec des jours de retard, le fait d'avoir régulièrement mes deux jours de congés qui ne sont pas consécutifs, ou encore le parcours du combattant pour se faire rembourser le 'pass Navigo'".
"Badger sans arrêt"
D'autres salariés dénoncent un management où le "flicage" est permanent. "On doit badger sans arrêt, au bout de six minutes de retard, on reçoit un mail qui nous demande où nous sommes et les raisons de notre absence et puis il y a la pression constante des managers qui circulent dans le magasin, un iPad à la main pour vérifier en temps réel sur le planning que chacun est à son poste", témoigne ce autre salarié dans L'Entreprise.
Julien*, lui, est allé plus loin. Il a attaqué Apple retail France (la filiale qui regroupe les Apple store), devant les Prud'hommes et dénonce le système de vidéo surveillance des magasins. "Une caméra visait l'entrée d'une salle utilisée lors des réunions du comité d'entreprise, tandis qu'une autre se trouvait sur le lieu où l'on pointait. La direction faisait valoir qu'il y avait des ordinateurs à surveiller. En réalité, des iMac difficiles à voler étant donné leur taille", explique le salarié dans le journal Metro.
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12% de réduction sur les produits Apple
Leurs revendications tournent autour de l'octroi d'un treizième mois et de primes. Aucun accord n'a été trouvé pour l'instant avec la direction, qui a consenti à leur accorder des tickets-restaurant.
Quant aux avantages de l'entreprise, ils sont trop maigres à leur goût. Les salariés bénéficient d'une modeste réduction de 12 % sur chaque produit Apple mais aucune sur l'iPhone et ils n'ont droit qu'à une remise globale plus de 27 % une fois par an, comme le rappellent Les Echos. Enfin, les vendeurs ne reçoivent ni participation ni intéressement dans Apple Retail France qui est déficitaire.
* le prénom a été modifié