Jets de projectiles sur les forces de l'ordre, véhicules incendiés, quelques magasins pillés: Sarcelles, banlieue connue pour son multiculturalisme à quelques kilomètres au nord de Paris, a été le théâtre dimanche de nouvelles violences liées à l'actualité à Gaza, après une manifestation interdite, au lendemain de celle de Paris, qui avait entraîné une quarantaine d'interpellations. Projectiles contre gaz lacrymogènes, la manifestation pacifique a laissé place à des scènes de violence vers 16h. Des journalistes ont également été dépouillés, selon i-Télé. Un cocktail molotov a même été lancée en direction d'une synagogue de Sarcelles, selon Le Figaro.
Des commerces ont également été pillés : une épicerie casher, qui avait été visée par un attentat à la grenade en septembre 2012 par le groupe dit de "Cannes-Torcy", une cellule terroriste démantelée peu après, a entièrement brûlé. Les forces de l'ordre ont tiré des cartouches de lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour tenter de disperser les casseurs. Selon une source policière, trois policiers ont été blessés. Dix-huit personnes ont été interpellées, selon le préfet du Val-d'Oise, Jean-Luc Nevache. "Une grande partie des jeunes n'était pas là pour manifester, ils étaient là pour casser. Ils étaient à la fois très mobiles, par petits groupes de 10-15, et très violents", a-t-il déclaré lors d'un point presse devant le commissariat de la ville.
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Chaos urbain. Entourés d'un dispositif policier important, plusieurs manifestants avaient auparavant pris la parole sur un parvis situé derrière la gare pour dénoncer l'interdiction de manifester, mais avaient incité au calme, disant vouloir "éviter la casse". C'est lors de la dispersion, qui a rapidement suivi le rassemblement, qu'une partie des jeunes manifestants se sont engouffrés dans la ville, vers des positions de CRS, renversant des poubelles et allumant pétards et fumigènes. Près de la mairie, au moins deux voitures ont été incendiées et de très nombreux véhicules ont eu leurs vitres cassées. Une cabine téléphonique a été détruite, répandant par terre de nombreux bris de glace et des poubelles ont également été incendiées.
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#Sarcellespic.twitter.com/RvD8vvBqKW— Dominique Albertini (@dom_albertini) 20 Juillet 2014
Double interdiction. Dans l'air flottait une odeur âcre, mélange de la fumée grise des incendies et des fumigènes. Un défilé pro-palestinien ainsi qu'un rassemblement pro-israélien organisé par la Ligue de défense juive (LDJ) avaient été prévus au même endroit, la gare RER, et à la même heure, incitant la mairie et la préfecture à interdire les deux. "Le risque avéré de trouble à l'ordre public que pourrait représenter cette manifestation, ainsi que les réactions qu'elle pourrait engendrer, m'ont encouragé, conformément aux directives du ministre de l'Intérieur, à interdire tout rassemblement dimanche en lien avec le conflit au Proche-Orient", avait écrit vendredi le maire PS, François Pupponi, dans un communiqué.
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Bcp de manifestants ont quitté le cortège. Les plus violents ont obliqué dans une rue transversale. pic.twitter.com/1qAZru119P— Dominique Albertini (@dom_albertini) 20 Juillet 2014
"La petite Jérusalem". La manifestation était organisée par le collectif "des citoyens de Garges-Sarcelles attachés à l'application du droit international" avec le soutien du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), du PCF ou encore d'Europalestine95. En parallèle, la LDJ, un collectif de jeunes activistes radicaux, avait annoncé sur son site que "les amis d'Israël de Garges-les-Gonesse, de Sarcelles et du Val-d'Oise" se réuniraient "en soutien à la lutte du peuple israélien contre les terroristes du Hamas". Sarcelles, parfois surnommée "la petite Jérusalem", compte une importante communauté juive sépharade.