L'INFO. Bernard Tapie avait rendez-vous avec les juges. Trois mois après sa mise en examen pour "escroquerie en bande organisée" dans l'affaire de l'arbitrage l'opposant au Crédit lyonnais sur la vente d'Adidas, l'homme d'affaires était entendu jeudi depuis 10 heures, selon les informations recueillies par Europe 1, dans les bureaux des trois juges d'instructions du Pôle financier. Il s'agissait en réalité de sa première audition devant les magistrats, ayant pour objet le fond du dossier de cet arbitrage litigieux qui lui a permis de toucher 403 millions d'euros. C'est donc en quelque sorte jeudi que les choses sérieuses ont commencé. L'audition s'est achevée jeudi en début d'après-midi. Il s'est refusé à tout autre commentaire.
Entendu à sa demande. Jusqu'à présent, l'ancien patron d'Adidas ne s'était expliqué qu'en garde à vue devant les policiers. Et c'est à sa demande, insistante d'ailleurs, que Bernard Tapie a été entendu jeudi. Selon les informations d'Europe 1, l'homme d'affaires souhaitait évoquer les saisies opérées par la justice sur ses comptes en banque, ses assurances vie et une partie de son patrimoine immobilier. Il chercherait à faire valoir que l'acharnement dont il dit faire l'objet pourrait avoir de lourdes conséquences sur ses affaires.
Une première audition en juin. Pyjama vert des hôpitaux de Paris, pieds nus et chapelet à la main : voilà la tenue dans laquelle Bernard Tapie avait été vu, au mois de juin, à l'Hôtel Dieu. L'homme d'affaires y était alors entendu sous le régime de la garde à vue. 96 heures d'auditions épiques, dans une salle spécialement réservée aux auditions sous surveillance médicale, en raison d'une pathologie pulmonaire. C'est également dans cette pièce que le trio de juges d'instruction du Pôle financier était venus lui signifier sa mise en examen. A l'époque, Bernard Tapie leur avait déjà fait quelques déclarations mais l'interrogatoire de jeudi s'annonçait autrement plus poussé.
De nouveaux éléments apparus. Les magistrats ont eu trois mois pour confronter le contenu de la garde à vue aux éléments du dossier. De surcroît, l'enquête a depuis avancé. De nouvelles perquisitions ont été menées et ont permis de découvrir, dans un cabinet d'avocats parisien, des courriers échangés entre l'avocat de Bernard Tapie et l'un des juges arbitres, Pierre Estoup. Un élément qui s'ajoute à l'intrigante dédicace adressée par l'homme d'affaires à Pierre Estoup à la fin des années 90. Ce dernier est également mis en examen dans cette affaire pour "escroquerie en bande organisée" et pour "faux et usage de faux".
Un acharnement digne de "Ben Laden". De son côté, Bernard Tapie a comparé cette semaine l'acharnement dont il se dit victime à celui qui visait Oussama Ben Laden. Dans un entretien aux Echos de lundi, Bernard Tapie a estimé être victime de "tout l'appareil d'Etat, un Etat socialiste qui, au nom de la justice et de la morale, bafoue en toute conscience les principes élémentaires du droit." Et pour assurer sa défense, il sera accompagné jeudi matin de deux avocats réputés. Parmi eux, Hervé Témime, qui vient d'être désigné "avocat le plus puissant de France" par le magazine GQ et son célèbre classement annuel.
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