L'INFO. Deux ans de prison ferme. C'est la peine qui avait été prononcée en première instance en février 2012, à l'encontre du fondateur de l'Arche de Zoé, Eric Breteau et de sa compagne, Emilie Lelouch. Un procès qui s'était tenu en leur absence. Le couple avait d'abord refusé de quitter l'Afrique du Sud où il s'était installé, muré dans la certitude que la justice n'écouterait pas leurs explications. Rentrés en France pour un ultime coup de théâtre, Eric Breteau et Emilie Lelouch s'étaient finalement présentés au tribunal pour l'annonce du jugement. Immédiatement incarcérés, ils avaient fait appel dans la foulée puis obtenu une libération conditionnelle. Changement de position pour l'ouverture du procès en appel mercredi : Eric Breteau et Emilie Lelouch, qui comparaissent libres, ont désormais décidé de s'expliquer à l'audience.
Un premier procès désastreux pour leur image. Il a fallu un gros travail de persuasion de leur avocate pour convaincre Eric Breteau et Emilie Lelouch de changer d'attitude. Le premier procès et leur absence, teintée de mépris pour la justice française, restent dans toutes les têtes. A l'époque, le couple avait choisi de rester en Afrique du Sud, où ils s'étaient reconvertis, lui, en pilote d'avion pour touristes, elle en artiste de rue. Lorsqu'ils sont finalement rentrés en France pour le jugement, leur attitude hautaine et les petits rires sarcastiques d'Emilie Lelouch en écoutant la peine de prison prononcée avaient ajouté à cette image déplorable. Un tableau que les deux fondateurs de l'Arche de Zoé ont décidé de laisser derrière eux.
Nouvelle vie, nouveau visage. Mercredi, les deux humanitaires déchus et déçus se sont donc présentés à l'audience. Objectif : faire face, pour s'expliquer. D'autant que depuis leur libération, Eric Breteau et Emilie Lelouch, toujours en couple, ont à nouveau changé de vie. Lui est ambulancier, elle a "fait les marchés" tout l'été pour y vendre des jeux de société. Respectueux de leur contrôle judiciaire, coopératifs devant les juges et travailleurs, voilà donc le nouveau visage que veulent présenter les Breteau-Lelouch.
"Un monde sans justice n'est pas possible". Lui n'en reste pas moins vindicatif lorsqu'il évoque le premier procès. "J'estimais à l'époque que les conditions d'un procès équitable n'étaient pas réunies. L'instruction était à charge et il était évident pour moi que le procès ne partait pas sur de bonnes bases", a-t-il répondu au président qui l'interrogeait sur les raisons de son absence. Eric Breteau, 43 ans, est donc désormais bien présent pour "faire la démonstration de son innocence" jugeant que l'affaire avait cette fois été estimée de "façon sereine".
Emilie Lelouch est quant à elle plus docile. "Ce n'était pas forcément de l'irrespect. Tout cela me dépasse", confie-t-elle. "J'ai changé par rapport à l'année dernière. J'étais très en colère et cela m'aurait desservi", assure la jeune femme de 37 ans. "Aujourd'hui, j'ai conscience qu'un monde sans justice n'est pas possible et je suis prête à affronter le regard des autres et la justice", a-t-elle conclu. Le couple risque toujours plusieurs années de prison. Le procès doit s'achever le 29 novembre.
Arche de Zoé : Breteau et Lelouch font appel
Arche de Zoé: des co-prévenus bien seuls
REPORTAGE - Au Tchad, la colère et la peur
DOC E1 - Le mail d'Émilie Lelouch
TEMOIGNAGE - "Ils nous ont trompés"
RETOUR SUR - L'Arche de Zoé face à la justice
TEMOIGNAGE - Arche de Zoé : l'amertume d'un médecin