Philippe van Winkelberg n'en revient toujours pas. Au même titre que les six autres membres de l'Arche de Zoé, il est soupçonné d'avoir tenté de faire venir 103 enfants en France, en octobre 2007. Sauf qu'il est le seul à être assigné jeudi devant le tribunal de Digne-les-Bains par l'Etat tchadien qui lui réclame 6,3 millions d'euros de dommages et intérêts. Le TGI rendra sa décision le 27 octobre. Jeudi, le représentant du ministère public s'en est remis à la décision du tribunal, notant cependant la nécessité de prendre en compte les questions de la défense, notamment l'absence de certaines pièces dans le dossier.
En octobre 2010, ils étaient bien six à avoir été condamnés par la justice tchadienne à huit ans de travaux forcés et à verser "solidairement" les 6,3 millions d'euros aux familles. Si le régime tchadien avait finalement consenti à les gracier fin mars 2008, il avait bien précisé que la question des dommages et intérêts n'était "pas concernée". Résultat : la justice réclame au seul docteur les dommages et intérêts en question. Concernant ces dommages et intérêts, "l'Etat français nous avait demandé de ne pas faire appel du jugement pour que nous puissions regagner au plus vite la France", a rappelé le Dr van Winkelberg. Selon lui, celui-ci s'était engagé à garantir le paiement.
Seul pour payer les 6 millions d'euros
Un nouveau coup dur pour Philippe van Winkelberg qui tentait de reprendre une vie normale depuis plusieurs années. "Ce qui me révolte, c'est que je suis considéré comme le médecin de l'arche de Zoé alors que je suis le médecin de Castellane, de mon village depuis dix-huit ans", rappelle le Dr Van Winkelberg sur Europe 1.
"Aujourd'hui, je suis poursuivi encore par le Tchad qui me réclame 6 millions d'euros de dommages et intérêts pour ces familles. Je ne comprends pas pourquoi on me les demande à moi", précise le médecin.
"J'ai participé à une mission humanitaire, de bonne foi, en pensant sauver des enfants orphelins du Darfour. Je suis à la fois choqué et déstabilisé parce que j'essaye de me reconstruire et je vois que cette histoire me poursuit encore, depuis des années", conclut-il.
"Cette histoire me poursuit encore" :
Une procédure jugée "bancale"
"C'est scandaleux", a estimé pour sa part son avocate, Me Françoise Davideau, précisant que si Philippe van Winkelberg est le seul des protagonistes de l'affaire à être assigné, c'est probablement parce que "c'est le seul qui leur paraît solvable". Au-delà de "la différence de traitement" entre les membres de l'Arche de Zoé, "la procédure est totalement bancale", a ajouté l'avocate, qui a plaidé l'irrecevabilité de la procédure.
En attendant la décision de la justice, le docteur tente de se reconstruire. "J'ai participé à une mission humanitaire, de bonne foi, en pensant sauver des enfants du Darfour. Je suis à la fois choqué et à la fois déstabilisé, parce que moi j'essaie de me reconstruire et que cette histoire me poursuit depuis plusieurs années".