"Le budget de la Défense en 2014, en 2015, en 2016 sera sanctuarisé", a affirmé dimanche Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, lors du "Grand rendez-vous" Europe1/i>TELE/Le Parisien. "Ce montant là, 31,4 milliards, qui a été tranché en conseil de Défense, a été réaffirmé par le président de la République. C'est le même montant qu'en 2013 et 2012. Il y a une permanence de l'effort de la nation", a-t-il voulu rassurer. Toutefois, le ministre reconnait que des choix différents devront être faits par rapport au passé. Et que, puisque l'inflation augmente légèrement mais pas le budget, l'armée devra tout de même se plier à des coupes budgétaires.
Vers des fermetures de sites. "Notre effort va d'abord peser sur les organismes centraux. Je ne suis pas favorable à ce que la contraction de notre périmètre d'armée, en terme d'hommes, se fasse de manière sommaire et caricaturale, un peu à la hache. Nous allons cibler des doublons", a répondu dimanche Jean-Yves le Drian, à la question de savoir si les efforts budgétaires dans l'armée allaient entrainer des fermetures de sites. La Loi de programmation militaire (LPM), qui doit être présentée le 2 août en Conseil des ministres, prévoit notamment la suppression de 24.000 postes supplémentaires dans les armées, après 54.000 suppressions depuis 2008.
Que sont ces "organismes centraux" qui doivent être touchés ? "Des états majors, des organismes de soutien : ce qui n'est pas directement opérationnel. Je souhaite que l'on préserve le plus possible ces unités opérationnelles", a détaillé le ministre. Il confirme qu'il y aura "vraisemblablement quelques sites à fermer". Mais "on ne le fera pas de manière brutale et sans réflexion approfondie et sans accompagnement", a-t-il nuancé, précisant ne pas encore avoir fait l'inventaire précis des sites à fermer. "Il y aura quelques suppressions et quelques regroupements", a-t-il ajouté, assurant viser "l'efficacité".
Des "inquiétudes" dans l'armée. Le ministre a reconnu qu'il y avait "un certain nombre d'inquiétudes" parmi les militaires avant la présentation de la Loi de programmation, mais contesté que le moral des armées soit mauvais. "Je ne suis pas sûr qu'ils n'aient pas le moral", a-t-il déclaré. "Je me rends toutes les semaines dans les forces", "je parle avec tout le monde", "je vois des militaires fiers de servir, heureux de ce qu'ils font", a poursuivi le ministre, interrogé avant le défilé du 14 juillet. "Il y a un certain nombre d'inquiétudes, mais il y a des inquiétudes dans le pays. Les militaires sont des citoyens comme les autres, ils savent bien que nous sommes dans une situation difficile et qu'il faut essayer de sortir de la crise", a-t-il insisté. "Ils savent qu'il y a des interrogations sur les retraites, sur les déroulements de carrière".
Le "marin" rétorque à l'UMP. Le ministre a qualifié de "pas très convenable" la polémique lancée par un groupe de députés UMP, qui ont jugé que la mise en œuvre du Livre blanc allait causer des "dommages irréparables" à la défense. "Je suis marin et j'ai beaucoup de munitions en soute. Si ces parlementaires veulent poursuivre, j'y suis prêt", a-t-il assené.
Cybercriminalité : Le Drian joue l'offensive. Parmi les nouveaux choix d'investissements des futurs budgets militaires, Jean-Yves Le Drian assure que priorité sera donner à la lutte contre la cybercriminalité. "Il y a une nouvelle menace que la loi de programmation militaire va prendre en considération, c'est la cybercriminalité", a assuré le ministre de la Défense. "Un des axes prioritaires c'est le renforcement de la cyberdéfense, mais pas uniquement sur la défensive, à la fois en prévention mais aussi en possibilité d'attaque. Nous allons renforcer, par des investissements matériels, et des recrutements d'ingénieurs, la cyberdéfense de notre pays dans les années qui viennent". Le ministre a, enfin, confirmé la commande de 12 drones d'observation aux Etats-Unis, en attendant une future production européenne. Et le ministre de conclure : "j'ai trouvé une situation de lacune, j'y remédie".