Le "casse-toi riche con !" en une de Libération ne lui a visiblement pas plu. Bernard Arnault a décidé de porter plainte contre le journal pour "injures publiques proférées à son égard", selon un communiqué du patron de LVMH qui a demandé la nationalité belge.
"Bernard Arnault n'a d'autre choix, compte tenu de l'extrême vulgarité et de la violence du titre du quotidien en date du 10 septembre 2012, que d'assigner le journal Libération en justice", souligne le texte, rappelant que l'homme d'affaires a "précisé qu'il était et qu'il restait résident fiscal français".
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Une une "inacceptable"
"Cette une du journal Libération est inacceptable", ajoute-t-il, estimant qu'"elle révèle en outre un état d'esprit anti-entreprise totalement à l'encontre des nécessités du redressement économique du pays et de la lutte contre le chômage, qui ne peuvent réussir qu'avec la motivation des chefs d'entreprises privées".
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Depuis la création de LVMH, leader mondial du luxe, Bernard Arnault "a toujours travaillé et payé l'intégralité de ses impôts en France", ajoute le texte, qui précise que la quatrième fortune mondiale "a créé plus de 20.000 emplois directs sur le territoire".
Une première étape avant le vrai exil ?
Pour autant, un analyste interrogé par Europe1.fr, tout en réfutant l'intérêt fiscal de la démarche de Bernard Arnault, suppute que cette dernière n'est qu'une première étape avant un pas plus important. "Ce qu'on peut supposer, c'est que, dans une seconde étape, il chercherait à obtenir la nationalité monégasque", suggère Franck Gozlan. "N'étant plus de nationalité française, il pourrait en effet se voir octroyer la résidence fiscale monégasque de manière assez facile", confie encore l'avocat fiscaliste.
A partir de là, Bernard Arnault pourrait ne plus payer ses impôts en France, des impôts estimés - en théorie - au minimum à 1,7 millions d'euros au titre de l’impôt sur le revenu et de la contribution exceptionnelle en 2011, selon les calculs d'Eric Desmorieux, un avocat spécialiste du droit fiscal interrogé par France TV Info à partir des chiffres publiés par la presse belge.
Fillon et Copé en soutiens
Pour sa défense, le patron du groupe LVMH peut compter sur les deux principaux candidats à la présidence de l'UMP. Sur Europe 1, François Fillon s'est emporté devant cette attaque de Libération. "Qui est le plus patriote dans ce pays ? Est-ce que c'est quelqu'un qui a créé des milliers d'emplois, qui paie et fait payer des milliards d'euros d'impôts, quelqu'un dont on admire le travail partout dans le monde ou ceux qui écrivent ces papiers ?", s'est-il interrogé.
Jean-François Copé s'en est pris, lui, au "poujadisme de gauche". "Il n’est pas certain que les médias prendront un jour le risque de dire beaucoup de bien de ceux qui ont créé des grands groupes industriels. Quand je vois comment on a traité la famille Peugeot…"
"La presse a le droit de s'exprimer"
Libération s'est rapidement exprimé sur le sujet. Lundi matin, Vincent Giret, le directeur délégué de la rédaction a déclaré que, "s'il y a une certaine dureté, une certaine vulgarité à la Une de Libération, c'est précisément parce que la situation l'est aujourd'hui". "La décision de Bernard Arnault contient aussi une dose de vulgarité que nous renvoyons dans un effet boomerang".
Il se montrait par ailleurs serein quant à l'éventualité d'une plainte en diffamation, arguant que "la presse jusqu'à nouvel ordre a le droit de s'exprimer" et que "Bernard Arnault est un personnage public, il a lui-même communiqué sur ce sujet".