Les images sont impressionnantes. Aux alentours de 17h15, jeudi après-midi, les forces de l'ordre ont donné l'assaut porte de Vincennes, dans un magasin casher où Amedy Coulibaly, le preneur d'otages, s'était retranché. Le tireur est abattu par les forces de l'ordre, et plusieurs personnes retenues réussissent à sortir vivantes. Après plus de quatre heures, la prise d'otage se termine. Dans le même temps, la personne retenue par les frères Kouachi à Dammartin-en-Goële a été libérée, là aussi lors de l'assaut des forces de l'ordre. Immédiatement, tous ces otages sont pris en charge. Cyril Cosar, psychologue clinicien à l'institut de victimologie et au centre de psychotrauma à Paris, explique au micro d'Europe 1 comment aider ces personnes à se remettre de ces tragiques évènements.
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La priorité : mettre des mots. Pour le psychologue, "la priorité est de mettre des mots, essayer de trouver du sens retrouver le fil des événements, en y ajoutant au maximum l’expression des émotions." Le but : "aider les otages à structurer ce qui s’est passé, qui est choquant et brutal, en récit cohérent qui donne une narration des événements." Mais tous les otages ne se livrent pas de la même façon, explique Cyril Cosar. "Il y a des gens qui parlent en boucle, et là il faut plutôt freiner. Et il y a ceux qui ne parlent pas du tout, et qui cherchent leurs mot."
"L'esprit n'est pas préparé à être confronté à la mort." Les psychologues doivent aussi travailler à "éviter (aux otages) de se distancier du monde des vivants." "Ce qu'ils ont vécu les a extrait des règles habituelles de la société, il faut les ramener dedans", soutient Cyril Cosar. Dans le magasin casher, plusieurs otages ont été confrontés à la mort. En effet, quatre personnes sont mortes, porte de Vincennes. "La confrontation avec la mort interpelle sur sa propre fin. Tout défile, l'esprit n'est pas préparé à être confronté à la mort", certifie le psychologue.
Le rôle prépondérant de l'entourage. Mais l'aide psychologique ne peut pas aider à elle seule les otages. L'entourage aura aussi un rôle prépondérant. "Le mieux, c’est de produire une forme de soutien par des psychologues, mais aussi par la famille, l’entourage, comme les voisins, les collègues. Mais le mouvement national est aussi important. Être inscrit dans un collectif, c’est aussi très important", assure Cyril Cosar. "Cette prise de parole doit commencer là pour ne plus s’arrêter là en quelque sorte, que ce soit avec les psychologues, les journalistes, la famille, elle doit même constituer la digestion prioritaire de cet évènement".
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