Le constat est implacable : les coupures d'électricité durent chaque année un peu plus longtemps. Aujourd'hui encore, ces chiffres sont à la hausse avec deux heures de coupure par an et par abonné en moyenne, selon une étude de la Fédération des services publics de l'énergie (FNCCR) que s'est procuré en avant-première Europe 1.
"Durant une large décennie (1995-207), EDF (devenu ErDF) a opéré une baisse drastique de ses investissements dans les réseaux de distribution, notamment afin de financer son développement international", pointe le livre blanc publié jeudi.
Une fracture... électrique
Et les disparités entre la ville et la campagne sont fortes. Ainsi, on compte 30 minutes, en moyenne, de coupure par an pour un Parisien... contre dix heures pour un habitant d'Indre-et-Loire, la palme. "S'y ajoutent des chutes de tension ou microcoupures, souvent fort préjudiciables aux entreprises et aux particuliers", précise la Fédération des services publics de l'énergie, qui parle de "véritable fracture électrique".
Exemple dans la Nièvre. Bruna, 68 ans, vit avec son mari dans une maison perdue au milieu des bois. Son réseau électrique date des années 60, avec poteaux en bois et fils nus en cuivre. A chaque fois qu'il y a une tempête ou qu'un bûcheron fait tomber un arbre sur les fils, tout saute. "Plus de télé, plus de chauffage en hiver car la chaudière ne tourne plus. On n'est pas logés à la même enseigne que les gens des villes qui ont l'éclairage public", déplore-t-elle sur Europe 1.
Des particuliers et des entreprises à la peine
Dans les Pyrénées-Atlantiques, le constat est le même. Il reste 2.500 km de réseau en fil nu, un véritable calvaire pour les entreprises locales. "Il y a des chefs d'entreprises qui sont vraiment excédés. J'ai un exemple bien précis d'une poterie. A chaque coupure d'électricité, les fours s'arrêtent et les productions sont à jeter", explique Denise Saint-Pé, la présidente du syndicat d'énergie.
En réponse, ErDF affirme avoir investi dans la rénovation de ces réseaux plus de trois milliards d'euros, deux fois plus qu'il y a six ans.