Tranches de vie... au bureau. Un collègue qui passe un coup de fil privé à côté de vous, un autre qui vient soudainement vous interrompre dans votre travail ou bien encore ceux qui laissent traîner leur gobelets de café dans les salles de réunion : voilà les trois principales nuisances que subit un salarié sur deux chaque semaine. Selon une enquête dévoilée mercredi par l’institut Eléas, ils sont 63% à déclarer vivre au moins une incivilité par jour ou par semaine. Un tiers des travailleurs déclare même en souffrir.
Une incivilité, c'est quoi ? “Chaque salarié a sa propre définition de l’incivilité. La difficulté à s’accorder sur ce qui relève de l’incivilité ou non varie, mais produit, dans la durée, un travail de sape dont les entreprises ont du mal à s’emparer”, décrypte Xavier Alas Luquetas, le président d’Eleas.
Ainsi, pour deux tiers des salariés, les incivilités relèvent du manque de respect des codes de politesse envers autrui et des règles comportementales et de cordialité. “On arrive le matin, personne ne dit 'bonjour'. On sort de l’ascenseur, personne ne dit ‘bonne journée’. C’est quelque chose que je fais chaque jour alors que personne ne le fait”, témoigne Julie, salariée dans la région parisienne, au micro d’Europe 1.
Certains plus touchés que d’autres. Selon l’enquête d’Eleas, ce sont les employés directement en contact avec du public, clients ou usagers, qui souffrent le plus de cet état de fait. C’est particulièrement le cas dans les services publics et dans le commerce.
Parmi les plus touchés par la problématique, on retrouve également les salariés les moins élevés dans la hiérarchie. Ainsi, 47% des professions intermédiaires et 46% des employés déclarent être victimes d’incivilités au travail. Les femmes sont elles aussi plus concernées, contrairement aux ouvriers qui ne se déclarent victimes du phénomène “qu’à hauteur” de 34%.
Un problème de santé au travail. Le problème, c’est qu’à force de se répandre, les incivilités finissent par provoquer un mal-être au travail. “Plus vous êtes exposé à ces attitudes, aussi minimes soient-elles, plus vous vous affaiblissez dans l’estime que vous avez de vous-mêmes et dans la confiance que vous avez en vous”, précise encore Xavier Alas Luqetas, au micro d’Europe 1.
Selon les chiffres de l’enquête, un tiers des Français déclarent que la problématique leur cause une souffrance au travail. “Ce qu’expriment beaucoup les personnes, c’est qu’au travers des incivilités, elles ne sont pas prises en compte comme des personnes, mais plutôt comme des choses”, analyse le président d’Eléas. Au final, ce sentiment de malaise peut provoquer stress, crises de larmes ou comportement agressif. Dans un cas sur trois, cela se finira même en arrêt maladie.
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