Faut-il y voir une coïncidence ? Lundi, Manuel Valls assurait au quotidien espagnol El Pais que la France poursuivra "avec fermeté" son combat contre l’organisation séparatiste basque ETA. Trois jours après cette mise au point du ministre de l’Intérieur, Aurore Martin a été arrêtée à Mauléon dans les Pyrénées-Atlantiques. Le jeune militante basque française, âgée de 33 ans, faisait l’objet d’un mandat d’arrêt européen (MAE) délivrée par Madrid. Dans ce cadre, elle a été extradée dans la soirée vers l’Espagne.
"Participation à une organisation terroriste, et terrorisme"
La jeune femme est accusée de faits de "participation à une organisation terroriste, et terrorisme", en l'occurrence avoir participé en Espagne à des réunions publiques comme membre de Batasuna. Autorisé en France, cette formation politique est interdite en Espagne où elle est considérée comme une organisation terroriste depuis 2003 et interdite pour ses liens présumés avec ETA.
Depuis mai dernier, Aurore Martin était sous la menace d’une telle arrestation. Elle avait en effet épuisé son dernier recours juridique contre le MAE, après le rejet de son recours par la Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg. Entrée en clandestinité le 21 décembre 2010, elle était par la suite réapparue publiquement à la faveur de quelques manifestations au Pays basque.
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En juin 2011, Aurore Martin justifiait sa démarche au micro d'Europe 1:
Incompréhension de plusieurs élus du Pays basque
Des élus de gauche et de droite ont manifesté jeudi leur incompréhension après l'interpellation d'Aurore Martin, y voyant un geste de Manuel Valls peu propice à la paix. "Cette situation est ubuesque, incompréhensible en plein processus de paix", a déclaré Kotte Ecenarro (PS), vice-président du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques, évoquant le renoncement à la lutte armée par l'ETA depuis un an.
"Ca tourne à la provocation de la part des gouvernements français et espagnol", a-t-il ajouté sur cette interpellation qui fait droit à une demande remontant au 13 octobre 2010 pour "faits de participation à une organisation terroriste, et terrorisme", en l'occurrence avoir participé en Espagne à des réunions publiques comme membre de Batasuna.
Aurore Martin avait déjà fait l'objet d'une première tentative d'arrestation à Bayonne le 21 juin 2011. Mais devant les dizaines de militants venues empêcher l’interpellation, les forces de l’ordre avaient été contraintes de renoncer.
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