L’INFO. A 18 ans ou presque, la plupart des jeunes lycéens bataillent pour obtenir leur bac. A 14 ans, il en est un qui compte bien l’avoir avec mention. Seyfaine, originaire de la région de Grenoble, est l’un des bacheliers les plus jeunes de France. Issu d’une cité plus réputée pour ses débordements que pour ses diplômes, l’adolescent est fier de donner une bonne image de là d’où il vient. Europe 1 l’a rencontré.
Un ado normal. Quand on voit le jeune garçon, longiligne et visage enfantin, on jurerait que c’est plutôt le brevet qu’il va bientôt passer. Pourtant, c’est bien le bac que Seyfaine, scolarisé en terminale S, est en train de réviser. Chaque jour, il travaille entre une et quatre heures pour préparer l’épreuve. “Il est vraiment autonome. C’est un enfant qui est bosseur, et c’est pour cela qu’il réussi aussi au niveau scolaire. Il est travailleur, organisé, rigoureux. Il se gère tout seul”, précise son père, Naoufel, 47 ans, au micro d’Europe 1.
Être le plus jeune dans sa classe ne l’empêche pas de mener la vie classique d’un adolescent. “Je suis quelqu’un de normal, certes avec des facilités, explique-t-il au micro d’Europe 1. J’ai des amis de 18 ans qui sont en terminale, et des amis de mon âge aussi”.
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Trois classes sautées. Ses facilités, c’est une professeur de maternelle qui les a repérées en premier. Bien avant le CP, le garçon savait déjà lire. Testé, Seyfaine s’est révélé être en avance sur son âge. Il saute une classe, puis deux, puis trois. "Toutes les institutrices ont été géniales avec lui et ont pris en compte sa différence, alors qu'on entend souvent dire que l’Éducation nationale a du mal à s'adapter", raconte son père. Ce dernier est l’ancien directeur de la MJC de la Villeneuve, quartier sensible de Grenoble, marqué par des émeutes en 2010 et un discours virulent de Nicolas Sarkozy, sur la sécurité et l’immigration.
Objectif bien. Ni timide, ni spécialement extraverti, le garçon parle avec un ton assuré. Son objectif n’est pas seulement d’obtenir son bac, mais aussi de décrocher la mention bien. “Je vise une mention bien parce que j’ai assez bien travaillé pendant l’année. J’ai à peu près 14 de moyenne”, argumente-t-il.
Seul problème : le bac risque d’être un crève-coeur pour lui. Ce passionné de football devra faire une croix sur les premiers matchs de la Coupe du Monde, qui se déroulent pendant les épreuves. Pour voir jouer Daniel Alvès, le défenseur brésilien de Barcelone dont il est fan, il lui faudra donc attendre fin juin.
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Futur médecin ? Plus tard, l’ado aimerait être "médecin dans l'humanitaire", "en Afrique subsaharienne, ou même en Birmanie ou dans les pays d'Asie du sud-est". "Il y a beaucoup d'inégalités sociales, ils ont pas d'eau, pas de vaccin, ils n’ont presque rien. Du coup, je pense que c'est un devoir de les aider", dit-il.
D'ici là, il retournera sans doute habiter à la Villeneuve, chez sa grand-mère, pour se rapprocher de la faculté de Grenoble. Le quartier se réjouit d’ailleurs de la bonne publicité faite aux banlieues grenobloises. Depuis que les médias s'intéressent à lui, "des gens émus, amis de la famille, nous appellent pour nous dire : 'c'est bien'", raconte son père, ravi de pouvoir "montrer une image positive" des "musulmans pratiquants", enfants d'immigrés "de la 2e ou 3e génération".
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