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Geoffroy Lauvau, agrégré de philosophie et ATER à l'université Paris IV, a accepté de "plancher" pour Europe1.fr sur les deux sujets proposés pour l’épreuve du baccalauréat en série L.
Que gagne-t-on en travaillant ?
Le hors-sujet à éviter : Le principal risque de ce sujet était de s'intéresser uniquement au gain du travail au sens économique. Le risque de faire un catalogue des bienfaits du travail en évoquant seulement le gain matériel, sans penser au travail comme épanouissement culturel est à éviter. Le travail est l'une des grandes idées des lumières. Pour des philosophes comme Adam Smith ou Friedrich, le travail permet de s'approprier sa propre nature.
Les notions incontournables : La première notion essentielle repose sur le travail comme outil de construction d'une société. La seconde notion est d'évoquer la pénibilité du travail. L'élève doit évoquer le travail comme un outil d'aliénation et de souffrance. Enfin, il y a l'idée du développement qui prend le contre-pied de la seconde notion. Le travail permet de libérer l'homme, de favoriser son développement.
L’auteur à côté duquel il ne fallait pas passer : Candide de Voltaire constitue une bonne référence pour la dissertation. L'élève peut notamment partir de la fameuse citation : "Le travail éloigne de nous le vice et le besoin." Karl Marx est également une référence incontournable dans une dissertation de philosophie sur le travail. C'est en effet l'auteur qui a produit la première critique du travail comme aliénation de l'Homme.
La référence d’actu qui fonctionnait bien : "Travailler plus pour gagner plus", la maxime de Nicolas Sarkozy pendant la campagne de 2007.
Le point bonus : L'élève peut évoquer le gain du travail en terme moral. En résumé, il n'y a pas d'incompatibilité à gagner de l'argent et à être vertueux.
Toute croyance est-elle contraire à la raison ?
Le hors-sujet à éviter : Le hors-sujet à éviter était d'évaluer les croyances seulement par le prisme de la religion, de ne pas problématiser la notion de croyance. L'autre risque est de s'enfermer dans des préjugés véhiculés par notre époque. De faire un amalgame entre croyance et fanatisme, comme c'est souvent le cas avec l'islam.
Les notions incontournables : La première notion importante est celle de la croyance comme foi liée à la religion. La deuxième notion serait de confronter le rationnel, qui se réfère à la logique et raisonnable qui fait écho à la morale. La troisième notion clé serait de faire une distinction entre conviction et persuasion qui interroge le rapport que l'on entretien avec la vérité. Il faut notamment rappeler qu'il y a des croyances scientifiques et pas seulement religieuses.
L’auteur à côté duquel il ne fallait pas passer : Il fallait citer Kant et son ouvrage La religion dans les limites de la simple raison. Descartes pose également le problème de dualité entre la foi et la raison.
La référence d’actu qui fonctionnait bien : Aujourd'hui, on constate une cristallisation du thème de la religion autour du fanatisme. Je pense notamment aux manifestations des ultras-catholiques à la suite de la pièce de théâtre Golgota Picnic de l'Argentin Rodrigo Garcia. Il pourrait s'agir d'évoquer cette tendance à cristalliser.
Le point bonus : Un élève qui cite Kierkegaard a de grande chance de se distinguer. Cet auteur, qui n'est pas au programme des terminales, estime que la religion apporte des raisons là où la raison a échoué.