Dans un an et demi, les scientifiques devront avoir répondu à cette question : le Baclofène est-il un médicament pour lutter contre l’addiction à l’alcool ? En septembre, une étude va être lancée pour déterminer son efficacité.
"Cette étude est importante car elle se déroulera sur un an, sera en ambulatoire et pas en hôpital, comme dans la vraie vie", a expliqué sur France 2 le 26 juin le professeur Philippe Jaury, qui pilotera l’essai clinique. Un essai attendu depuis des années par les alcooliques, rappelle jeudi Le Parisien.
Mais beaucoup d’alcooliques n’ont pas attendu cette annonce pour utiliser le Baclofène. Ce relaxant musculaire utilisé depuis trente ans pour traiter certaines maladies neurologiques agirait sur le cerveau pour bloquer la dopamine, une substance qui entraîne l’addiction.
"Aucun effort à faire"
Olivier Ameisen, professeur de cardiologie de l’université de l’Etat de New York en a fait l’apologie dans son livre, Le dernier verre (édition Denoël), paru en 2008. "Avec ce médicament, on oublie l’envie de boire, il n’y a aucun effort à faire", promet le praticien qui a lui-même utilisé ce traitement pour lutter contre son addiction.
Sur les 100.000 personnes qui sont traitées aujourd’hui au Baclofène, on ignore la proportion de personnes qui suivent ce traitement pour lutter contre leur addiction. Mais le chiffre devrait considérablement augmenter quand le Baclofène sera officiellement reconnu, ce dont ne doutent pas ses défenseurs.
"Cela fait des années qu’on attendait que cette étude soit lancée", lance Sylvie, porte-parole de l’association Baclofène, et traitée pour son alcoolisme avec le médicament depuis trois ans, dans Le Parisien.
"Méfions-nous des pilules miracles"
Toutefois, quelques voix s’élèvent pour lutter contre la prescription de Baclofène contre l’alcoolisme. "Méfions-nous des pilules miracles qui n’ont pas fait l’objet d’études contrôlées" commente Michel Lejoyeux, président de la société française d’alcoologie, dans Le Parisien.
"Je suis convaincu qu’aucun traitement médicamenteux ne pourra jamais, à lui seul, traiter la dépendance alcoolique. Il faudra toujours y associer une approche relationnelle et psychothérapique", ajoute le professeur, qui "prend acte des effets positifs décrits".
L’agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afsaps) note elle que "nous ne connaissons pas les effets secondaires de cette molécule aux doses où elle est prise contre l’addiction à l’alcool".