La découverte. Les bactéries qui peuplent nos intestins peuvent être bien plus utiles que l'on ne croit. Selon une étude publiée jeudi soir par des chercheurs français de l'institut Pasteur, de l'Inserm et de l'institut Gustave Roussy, elles rendent même les chimiothérapies plus efficaces, participant ainsi à la lutte contre les tumeurs.
Comment ont-ils trouvé cela ? Les chercheurs ont fait subir une chimiothérapie à une souris dont la flore intestinale a été détruite par des antibiotiques. Résultat : le traitement a été bien moins efficace. En revanche, si l'on cultive des bactéries et que l'on les glisse dans l'alimentation de ces mêmes souris pour repeupler leur intestin, le traitement par chimio retrouve son efficacité contre les tumeurs. Ces observations assez étonnantes, quoique conduites sur des souris, pourraient avoir des applications pratiques pour les patients, d'après les chercheurs, qui estiment encore avoir besoin de 3 à 5 ans pour finir leurs travaux.
Une explication étonnante. Ce qui se passe, c'est que les chimiothérapies font apparaître des petits trous dans la paroi intestinale. Du coup, les bactéries, qui restent en principe dans le tube digestif, arrivent à sortir de l'intestin par ces petits passages nouvellement crées. Résultats : elles arrivent dans le sang et déclenchent une réaction immunitaire. L'organisme, en effet, sent qu'il y a des bactéries de l'intestin dans le sang et que ce n'est pas normal. Et là, petit miracle : cette réaction immunitaire se retourne contre les tumeurs et c'est ce qui booste l'effet de la chimiothérapie.
La flore intestinale, c'est quoi exactement ? La flore intestinale - ou "microbiote intestinal" de son petit nom - composée de 100.000 milliards de bactéries, exerce des fonctions cruciales pour notre santé, comme la dégradation des aliments ingérés pour une meilleure absorption intestinale et un métabolisme optimal. Ces milliards de bactéries, qui colonisent l'intestin dès la naissance, jouent, de manière générale, un rôle clé dans la maturation des défenses immunitaires.