Le garde des Sceaux Michel Mercier et le ministre de l'Intérieur Claude Guéant annoncent mercredi la création d'un pôle judiciaire anti-drogue, qui s'installera au tribunal de Bobigny. Cette unité se veut une réponse "à l'évolution préoccupante de la délinquance" à Sevran, en Seine-Saint-Denis.
Depuis plusieurs mois, Sevran, qui abrite un important trafic de cannabis, est le théâtre de règlements de compte entre bandes rivales. Désormais, des CRS patrouillent jour et nuit pour assurer la sécurité des habitants. Mais leur présence ne suffit pas à rassurer les habitants.
"C'est comme si on était en guerre"
En bas d’une tour, les CRS sont postés depuis trois semaines. Les dealers sont partis. Les policiers ont repris le hall d’immeuble. Matin et soir, Ahmed, un habitant, doit montrer patte blanche pour passer. "Ils sont à la porte. Les policiers sont partout. Pour le quartier, c’est quand même pas très bon. C’est comme si on était en guerre", estime-t-il au micro d'Europe 1.
Les CRS sont une trentaine, avec une fourgonnette bleue, stationnée en plein cœur de la cité. Mais les dealers sont toujours là, à quelque dizaines de mètres. Le trafic s’est déplacé sur un parking.
Un autre habitant raconte son quotidien. "Je vois qu’ils sont là. Je leur dis : ‘mais qu’est ce que vous faites là vu que vous ne pouvez plus vendre ? Ils me disent : ‘Ne t’inquiète pas, on a trouvé un moyen de dévier'. Police ou pas police, on sait où ils sont. Ils restent debout comme des piquets".
"Il va y avoir des règlements de compte"
Ce qui est sûr, c’est que depuis que les CRS ont investi le quartier, il n’y a plus de coup de feu. Mais pour combien de temps ? Une voisine dit avoir peur des représailles. "Des règlements de compte, voilà ce qu’il va se passer", anticipe-t-elle.
"Les innocents vont payer les pots cassés" :
"Les jeunes pensent que c’est les locataires qui ont balancé les dealers aux flics. Lorsqu’il n’y aura plus de policiers ici, ils vont frapper aux portes pour poser la question. Les innocents vont payer les pots cassés. C’est pour ça qu’on a peur", continue cette locataire.
Les habitants sont convaincus que les policiers vont bientôt partir. Pour les remplacer, ils réclament des caméras de surveillance.