Tristane Banon n'abandonne pas. Invitée du journal de 20h jeudi sur TF1, quelques heures seulement après sa confrontation avec Dominique Strauss-Kahn dans les locaux de la Brigade de répression de la délinquance à la personne (BRDP), la romancière a réitéré avec force ses accusations de tentative de viol contre l'ancien patron du FMI. Qui l'a accusée en retour, dans un communiqué, de "mentir".
"Bien sûr que j'ai maintenu mes accusations [devant les enquêteurs, NDLR]. Je suis heureuse de cette confrontation et c'est une première victoire. Je ne crois pas que la Brigade prenne le temps de faire des confrontations pour des dossiers vides", a déclaré Tristane Banon en évoquant un Dominique Strauss-Kahn "froid", "arrogant" et "suffisant".
"C'est une première victoire" :
Tristane Banon attendait des excuses
"Je pensais sincèrement qu'il s'excuserait, pas qu'il avouerait des crimes. Il ne l'a même pas fait", a déploré la romancière en insistant : il n'avait même pas "osé me regarder".
"J'ai pointé toutes les incohérences de son discours. Je voulais comprendre. Ou il a oublié, ou il répète en boucle que ce sont des faits imaginaires", a précisé l'invitée de Laurence Ferrari. "Pourquoi on reçoit pour une interview dans un appartement. Pourquoi ? Je ne comprends toujours pas. J'ai relevé plusieurs contradictions dans son discours", a fait valoir l'ancienne journaliste.
"Il y a eu une tentative de viol. Je le maintiens. Je sais qu'il a été d'une telle arrogance et suffisance que je ne peux pas croire que cela n'éveille pas la suspicion du parquet", a poursuivi Tristane Banon. "Sinon je me constituerai partie civile et j'irai jusqu'au bout", a-t-elle affirmé en regrettant que la tentative de viol soit le seul crime de "la loi française en 2011 où la preuve matérielle, elle n'existe pas".
"J'ai du mépris"
Interrogée sur son dépôt de plainte tardif, huit ans après les faits, la jeune femme a rappelé le statut de DSK. "Ça n'était pas possible de porter plainte. On ne m'aurait pas écoutée. Je savais que je serais laminée", a-t-elle expliqué.
A la question "avez vous de la haine pour Dominique Strauss-Kahn ?", Tristane Banon a simplement répondu "J'ai du mépris. Au moins autant de mépris qu'il a pour moi et qu'il a pour Nafissatou Diallo et qu'il a même pour les Français", a-t-elle précisé. "Quand sur votre plateau, il brandit un document en disant 'voilà ce qu'il y a dedans' alors que ça n'est pas marqué dedans, il mise sur la crédulité des Français qui ne liront pas ce rapport", a t-elle accusé. "Ça, c'est méprisant pour les Français. Ce qu'il a dit sur votre plateau dimanche soir, il y a deux semaines, c'est faux. J'invite les gens à lire le rapport. Ça n'est pas vrai".
"S'il était innocent, il n'aurait pas besoin de ça"
Quant à l'immunité diplomatique invoquée par DSK pour faire annuler la plainte au civil de Nafissatou Diallo, la femme de chambre de l'hôtel Sofitel qui a également porté des accusations contre DSK, Tristane Banon l'analyse comme une preuve de culpabilité. "Je m'interroge sur la nécessité d'une immunité diplomatique pour un innocent. En ce qui me concerne, si j'étais accusée à tort de quelque chose, je n'ai pas besoin d'une immunité diplomatique. La vérité, ça suffit", a estimé Tristane Banon.
"Mais ça lui ressemble. Ça ressemble au personnage que j'ai vu [jeudi] matin à la Brigade, ça ressemble au personnage que j'ai vu sur votre plateau, ça ressemble à ce sourire qu'il affiche quand il sort de la Brigade sur les images que vous venez de me montrer. Ça veut dire quoi 'immunité diplomatique' ? Ça veut dire qu'on a le droit d'agresser des femmes, de tenter de les violer, de les violer ? S'il était innocent, il n'aurait pas besoin de ça, faut être logique. La vérité d'un innocent suffit normalement", a-t-elle conclu.
"Dominique Strauss-Kahn conteste formellement avoir agressé Mme Tristane Banon et constate qu'elle ment aussi à propos du déroulement de la confrontation intervenue ce matin", ont déclaré jeudi soir dans un communiqué ses avocats Me Frédérique Baulieu et Henri Leclerc.