Le tribunal administratif de Marseille a ordonné la remise en état des cellules de la prison.
• L'info. De gros travaux en vue. Le tribunal administratif de Marseille a ordonné vendredi à l'administration pénitentiaire de contrôler que chaque cellule de la prison marseillaise des Baumettes "dispose d'un éclairage artificiel et d'une fenêtre en état de fonctionnement", à la suite d'une requête de l'Observatoire international des prisons (OIP). L'administration devra également "faire procéder à l'enlèvement des détritus" dans les cellules et les communs de la prison, ainsi que veiller à ce que les repas des détenus ne soient plus "entreposés sur le sol ni à proximité des bennes à ordures".
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• Pourquoi une telle décision ? Le tribunal administratif de Marseille avait examiné jeudi la requête de l'OIP, qui demandait que "des mesures urgentes" soient prises à la prison. Mais c'est en réalité la publication du rapport du contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, qui a servi de détonateur. Il faisait état "d'une violation des droits fondamentaux" dans la célèbre prison marseillaise.
Lors de l'examen de la requête, l'avocat de l'OIP, Me Patrice Spinosi, était accompagné du Syndicat de la magistrature (SM, marqué à gauche), le Conseil national des barreaux, le Syndicat des avocats de France (SAF, marqué à gauche) et l'Ordre des avocats de Marseille. L'avocat a justifié cette action en urgence, dans le cadre d'un référé liberté, expliquant qu'il y avait pour les détenus des Baumettes "un danger pour leur vie, pour leur santé et des conditions inhumaines et dégradantes".
• Les Baumettes, ça ressemble à quoi ?
- Une prison surpeuplée : l'établissement est rempli à 145% de ses capacités. Avec 1.190 places, elle accueille en réalité 1.769 détenus.
- Des cellules vétustes : le rapport de Jean-Marie Delarue décrit des espaces sans "cloison d’intimité ; réfrigérateur très sale et infesté de cafards ; nombreuses araignées et cloportes ; sol sale ; nombreux détritus".
- Pas d'électricité : Me Spinosi avait demandé dans sa requête de "faire procéder à une inspection" sur les installations électriques défaillantes notées dans le rapport (fils dénudés, ampoules et néons manquants dans les cellules et les communs de la prison). Le texte de Jean-marie Delarue pointait ainsi les difficultés rencontrées par des surveillants devant parfois effectuer leurs rondes à la lumière de leur propres lampes de poches ou surveiller à travers un œilleton des cellules... non éclairées.
- Des cafards, des rats : l'avocat avait également réclamé la mise en place de "mesures (...) en vue d’éradiquer les cafards, les rats et tout autre nuisible", évoquant un risque d'épidémie pour les détenus. Le rapport dénonçait en effet "l’insalubrité et l’absence d’hygiène" dans établissement, précisant que "depuis deux ans, les rats pullulent" et "les surveillants sont obligés de faire leur ronde en tapant des pieds pour les éloigner". "Peu de douches fonctionnent dans une salle de douche crasseuse" déplorait encore le rapport, qui pointait ainsi "un défaut d’entretien".
- Un climat de violence : depuis le début l’année, les médecins de la prison ont comptabilisé "quatorze contusions multiples, huit plaies profondes, sept fractures diverses et plaies, trois trauma crâniens, un viol", selon le rapport.
• Pas d'urgence pour l'Administration pénitentiaire. Lors de l'audience, l'avocat n'a pu que s'indigner en constatant que l'Administration pénitentiaire n'était pas représentée. "Nous sommes venus pour demander le respect des libertés fondamentales et l'administration esquive le débat", avait encore tonné l'avocat. Le bâtonnier Jérôme Gavaudan avait quant à lui conspué l'Administration, au nom du barreau de Marseille.
Celle-ci conteste dans son mémoire en défense "l'urgence" motivant cette procédure devant le tribunal administratif. L’Administration pénitentiaire a ainsi produit des devis sur des travaux qui seront réalisés prochainement, selon elle, dans la prison marseillaise. "Nous avons honte de cette administration quand elle dit qu'il n'y rien à faire dans l'urgence", avait lancé Me Gavaudan.