"Pour les victimes du 11 septembre 2001, justice est faite". Cette petite phrase, lancée lundi sur le compte Twitter de l’Elysée après l’annonce de la mort d’Oussama Ben Laden, a mis le feu aux poudres sur le site de microblogging.
En reprenant les termes utilisés par le président des Etats-Unis, Barack Obama, la présidence de la République a provoqué l’ire du web. Beaucoup estiment que l’emploi du mot "justice" est inapproprié. Certains internautes n’hésitent pas à parler de "vengeance". "Twitter qui peut être ange ou démon, n'en est pas moins un canal tout à fait étrange pour la position officielle de la France devant un tel fait historique", lit-on sur le site Agoravox.
"On ne peut absolument pas déclarer que la justice est faite quand un homme est tué par un commando dans un pays étranger au sien. Tout juste peut-on parler de vengeance, mais de justice au grand jamais", poursuit le site.
L'indignation se propage sur Twitter
Sur le site de microblogging Twitter, de nombreuses réactions abondent dans ce sens. "Sur l'affaire #BenLaden, "justice est faite", assure l'Elysée. Mince, la peine de mort a été rétablie en France, et on me l'a même pas dit ?", ironise un utilisateur.
"@Elysee La justice, c'est de passer devant les tribunaux. Pas la loi du talion", poursuit un autre usager de Twitter. "De quelle justice parlez-vous ?", souligne un autre. "Damned, la réaction de Sarko à la mort de OBL a été indigne", dit encore un autre microbloggueur.
"Pas de justice divine"
Côté politique, seul le PS a réagi. Le Parti socialiste a estimé par la voix de son porte-parole, Benoît Hamon, que "s'il est de la tradition des Etats-Unis ‘d'invoquer le bien et le mal’ et ‘de considérer qu'à travers ce type d'opération militaire on rend la justice’, ‘ce n'est pas la tradition de la République Française’ ".
"Ce n’est pas la tradition de la République française ni de son président que de considérer qu’il s’agit de rendre la justice par une opération militaire où une exécution comme celle-là", souligne Benoît Hamon sur Europe 1. "Je ne crois pas qu’il faille invoquer je ne sais quelle justice divine dans une opération comme celle-là".
Il ne faut pas "invoquer la justice divine" :
Un avis que ne partage cependant pas Laurent Fabius. Invité d'Europe 1 lundi soir, le député socialiste de la Seine-Maritime, a refusé de polémiquer. "On imagine la difficulté extrême d’aller chercher Ben Laden, entouré de personnes en arme. Si on avait entendu qu’il se livre au commissariat, et encore, aux heures ouvrables, c’est ridicule", a réagi Laurent Fabius depuis Washington, sur Europe 1.
"L’idée fondamentale, c’est que cet homme était le chef du terrorisme international depuis des années, il est responsable de milliers de morts. Les services secrets ont agi, dans des conditions extrêmement difficiles, et voilà, il est mort. Les polémiques, s’il en existe, seraient déplacées." Benoît Hamon, qui avait lancé le débat lors du point-presse du Parti socialiste, appréciera.