Bernard Tapie à son tour mis en examen

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avec AFP , modifié à
Son avocat, Me Lantourne, est aussi poursuivi pour "escroquerie en bande organisée".

Deux nouvelles mises en examen. Après quatre jours de garde à vue, Bernard Tapie a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire dans l'enquête sur l'arbitrage Tapie/Crédit lyonnais. Son avocat, Me Maurice Lantourne, lui aussi en garde à vue pendant 96 heures, a également été déféré et mis en examen. Comme c'est déjà le cas de trois personnes dans ce dossier, les deux hommes sont donc poursuivis pour "escroquerie en bande organisée". Dans cette affaire, l'ancien ministre est soupçonné d'avoir été favorisé dans le règlement du contentieux l'opposant à l'Etat sur la revente d'Adidas par le Crédit Lyonnais, en 1993. En 2008 un système d'arbitrage privé et coûteux lui avait en effet permis de toucher 403 millions d'euros.

"Le dossier est vide". "Bernard Tapie vient d'être mis en examen pour escroquerie en bande organisée, mais je vous affirme que le dossier est vide d'élément susceptible de démontrer que la sentence arbitrale, son résultat, est le fruit d'une escroquerie, d'un plan concerté", a déclaré son avocat me Temime. Bernard Tapie est "sûr de lui au point" qu'il a proposé aux magistrats de garantir un éventuel remboursement de l'arbitrage via sa holding personnelle, avec caution de celle-ci "sur tous ses biens", a expliqué l'avocat.

"Il est allé se reposer loin de Paris". L'homme d'affaires a été placé sous contrôle judiciaire mais il reste libre de ses mouvements, a annoncé son avocat Hervé Temime. Il ne lui a pas été réclamé de caution. "Il est allé se reposer loin de Paris", a indiqué son avocat. "C'est avec la plus grande sérénité que nous abordons cette phase de la procédure, une mise en examen qui nous paraissait annoncée et que nous allons combattre", a poursuivi Me Temime, aux côtés d'un des autres avocats de l'homme d'affaires, Me Philippe Dehapiot. Bernard Tapie s'exprimera sur cette affaire lundi soir au 20 Heures de France 2.

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Un rendez-vous à l'Hôtel-Dieu. Pieds nus et en pyjama vert, Bernard Tapie a passé une grande partie de sa garde à vue à L'Hôtel-Dieu. Cet hôpital, situé à deux pas du Palais de justice, dispose d'une salle spécialisée, pouvant accueillir des gardés à vue nécessitant une surveillance médicale. Bernard Tapie se trouvait donc principalement à L'Hôtel-Dieu en raison d'une "pathologie pulmonaire chronique". C'est donc à l'Hôtel-Dieu que les juges ont dû venir l'interroger et doivent désormais décider s'ils le mettent en examen, lui accordent le statut de témoin assisté, ou ne retiennent aucune charge contre lui.

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Pourquoi est-il mis en examen ? Pour les juges d'instruction, Bernard Tapie est au cœur de ce dossier. L'homme d'affaires est le principal bénéficiaire de ce que les juges d'instruction qualifient de "simulacre d'arbitrage". Les juges soupçonnent en l'arbitrage d'avoir été truqué au profit de l'homme d'affaires, ont depuis fin mai mis trois personnes en examen pour "escroquerie en bande organisée". Ils cherchent notamment à comprendre comment Bernard Tapie a plaidé sa cause à l'Elysée et au ministère de l'Economie et s'intéressent de près à ses liens avec les arbitres.

Son ancien avocat aussi mis en examen. Me Maurice Lantourne a également été présenté aux juges du pôle financier vendredi, au terme de 96 heures de garde à vue à la brigade financière de Paris. Les enquêteurs le soupçonnent d'avoir entretenu des liens professionnels anciens avec Pierre Estoup, l'un des trois juges arbitres du tribunal arbitral chargé de régler le contentieux entre Tapie et le Crédit Lyonnais. Pour Me Paul-Albert Iweins, l'avocat de Me Lantourne, "l'étude du dossier ne permet pas de comprendre la raison de la mise en examen, ni pour lui, ni d'ailleurs pour les autres mis en cause".

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Lors de sa première garde à vue, Me Lantourne avait notamment été interrogé sur les conditions de désignation des arbitres. Ce fut un choix collégial, a-t-il dit en substance. Mais selon les indications de Me Gilles August, avocat chargé du passif du Crédit Lyonnais, c'est bien l'avocat de Bernard Tapie qui a suggéré le nom de Pierre Estoup. C'était un nom parmi d'autres, avait déclaré Me Lantourne aux enquêteurs. Interrogé, Me Lantourne avait seulement indiqué avoir eu trois arbitrages avec Pierre Estoup.

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Où en est-on aujourd'hui ? A ce jour, cinq personnes ont donc été mises examen pour escroquerie en bande organisée. Outre Bernard Tapie et Me Lantourne, Pierre Estoup, Stéphane Richard, actuel PDG d'Orange, et Jean-François Rocchi, l'ancien président du CDR, l'organisme chargé de gérer le passif du Crédit lyonnais, sont également poursuivis. L'ex-ministre de l’Economie, Christine Lagarde, a été placée parallèlement sous le statut de témoin assisté par la Cour de justice de la République. Claude Guéant, ex-secrétaire général de l'Elysée, et François Pérol, son adjoint, devraient être prochainement entendus, selon une source proche de l'enquête. Outre une mise en examen, Bernard Tapie pourrait voir tout ou partie de ses avoirs financiers et biens immobiliers saisis par les juges.

Jean Bruneau, le président de l'Association des petits porteurs pour l'annulation de la vente litigieuse d'Adidas (Appavla), qui était entendu depuis lundi, a en revanche été relâché jeudi soir sans qu'aucune charge ne soit retenue contre lui.