Pilote de course, chanteur, patron d'un club de foot, ministre, homme d'affaires... La carrière de Bernard Tapie ressemble à un inventaire à la Prévert. Véritable touche à tout, il ajoute une nouvelle corde à son arc en devenant patron de presse. Et peut-être un jour maire de Marseille ?
Le sportif. C'est d'abord les sports automobiles qui attirent Bernard Tapie. Âgé d'une vingtaine d'années, il se destine à une carrière de pilote de course. Mais un accident stoppe ses ambitions. Dans les années 1980, il monte une équipe cycliste, avec le coureur Bernard Hinault comme tête d'affiche. Le pari est couronné de deux victoires successives au Tour de France.
Après à ce succès, Bernard Tapie se lance dans le football, côté business cette fois. En 1986, il reprend l'Olympique de Marseille et engage de jeunes joueurs prometteurs. Avec Jean-Pierre Papin, Éric Cantona, Basile Boli, Didier Deschamps, ou encore Fabien Barthez, l'OM, qui s'encroûtait depuis une dizaine d'années, retrouve un nouveau souffle. Le club phocéen remporte de nombreux trophées en France et décroche la Ligue des champions en 1993.
Son bilan sera néanmoins terni par l'affaire de corruption du match VA-OM en 1993. Tapie est mis en examen puis condamné à huit mois de prison ferme et trois ans d'inéligibilité en appel.
L'homme d'affaires. Bernard Tapie le businessman crée et revend plusieurs entreprises. Mais c'est dans le redressement d'entreprises en difficultés que Tapie bâtit sa réputation. Il rachète des sociétés au bord de la faillite pour un franc symbolique, les remet sur les rails et les revend au prix fort. Une méthode qui lui permet de devenir en quelques années seulement l'une des vingt plus grandes fortunes de France. En 1984, il est élu "Homme de l'année" par les médias français.
En 2009, après une faillite et au terme d'une traversée du désert, il retrouve le monde des affaires en entrant au capital de plusieurs sociétés. L'année d'après, il crée avec son fils le site bernardtapie.com. L'idée est de proposer aux consommateurs des tarifs négociés sur une multitude de produits et services. Après le règlement du contentieux avec le Crédit Lyonnais, il touche un chèque de 400 millions d'euros. Mi-2011, sa fortune est estimée à 260 millions d'euros.
L'homme politique. En 1987, le publicitaire Jacques Séguéla, ami de Tapie, lui fait rencontrer François Mitterrand, alors président de la République. Ce dernier veut placer son second septennat sous le signe de l'ouverture. Il lui propose alors de se présenter aux législatives, mais Tapie hérite d'une circonscription de Marseille réputée "imprenable". En 1989, après un premier scrutin invalidé, il remporte le siège. Toujours fort en gueule, il créé la polémique en traitant les électeurs du FN de "salauds".
En 1992, Tapie accepte de quitter le monde des affaires pour entrer au gouvernement. François Mitterrand et Pierre Bérégovoy créent pour lui le ministère de la Ville. Mais sa carrière de ministre est de courte durée. Visé par une plainte pour abus de biens sociaux et mis en examen, il démissionne. Après son non-lieu en décembre 1992, il retrouve son portefeuille. Mais la gauche perd les législatives de mars 1993. Tapie, lui, est néanmoins réélu dans les Bouches-du-Rhône.
En 1995, Tapie est donc placé en faillite personnelle. Une décision qui entraîne son inéligibilité pour cinq ans et met, de fait, fin à sa carrière politique.
L'artiste. Cette faillite personnelle, qui entraîne aussi une interdiction de faire des affaires, son inéligibilité et une interdiction de fonctions dans le football. Attiré par les paillettes depuis longtemps - il a sorti un 45 tours dès 1966, sous le nom de Bernard Tapy -, il se tourne donc vers le cinéma et le théâtre.
Claude Lelouch est le premier à lui donner sa chance et lui offre le premier rôle dans Hommes, femmes, mode d'emploi, en 1996. Bernard Tapie se produit aussi dans plusieurs pièces de théâtre et est le héros de la série policière Commissaire Valence. Parallèlement, il anime des émissions de télévision et devient consultant sportif.