La phrase. "Si on découvre la moindre entourloupe, le moindre dessous de table ou quoi que ce soit d'anormal, alors dans la seconde, à mon initiative, j'annule l'arbitrage." Dans un entretien au Journal du Dimanche, l'homme d'affaires Bernard Tapie se dit donc prêt à renoncer à la décision qui lui a accordé 400 millions d'euros dans le litige de la vente d'Adidas.
"Pas d'embrouille". Également interrogé sur le rôle joué par Jean-Louis Borloo, président de l'UDI et son ancien avocat dans les années 1990, mais aussi Jean-François Copé, président de l'UMP et auteur d'un projet législatif favorable à l'arbitrage début 2007, ou Claude Guéant, ancien secrétaire général de l'Elysée sous Nicolas Sarkozy, Bernard Tapie assure que "pas un centime" ne leur a été versé. "Il n'y a aucune embrouille", martèle l'homme d'affaires.
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"Il faut comprendre corruption". "Quand Bernard Tapie dit 'entourloupe', il faut comprendre corruption, puisque dans la suite de sa déclaration, il évoque des 'dessous-de-table'. D'une certaine manière Bernard Tapie dit deux choses : premièrement, s'il y a corruption, je rends l'argent ; deuxièmement, s'il y a corruption, je le découvre maintenant, donc je ne suis pas le corrupteur", décrypte Thomas Clay, professeur de droit à l'Université de Versailles, spécialiste de l'arbitrage et très bon connaisseur du dossier.
"En creux, cela implique que s'il n'y a pas corruption, alors il n'a pas à rendre l'argent, et c'est bien sûr le coeur de son message. Il est d'autant plus intéressant que pour l'instant il n'y a aucune hypothèse de corruption dans le dossier", poursuit l'universitaire. "En d'autres termes, Bernard Tapie pose des conditions de remboursement, sachant que ces conditions de remboursement ne sont de toutes façons pas l'hypothèse pour l'instant retenues par les juges."
Estoup, plume principale. Quant à l'ancien haut magistrat Pierre Estoup, mis en examen dans cette affaire pour escroquerie en bande organisée après la révélation de ses liens avec l'avocat de Tapie, le JDD affirme qu'il a été le seul "à avoir rédigé l'arbitrage litigieux". "Les deux autres arbitres se seraient contentés d'apporter des corrections à la marge", détaille l'hebdomadaire.
L'Etat partie civile. La semaine dernière, Bercy avait annoncé que l'Etat était prêt à se porter partie civile dans cette affaire. "Je n'ai pas tous les éléments encore de cette affaire mais ce que je veux dire comme principe, et cela vaut pour toutes les situations, c'est que l'Etat défendra toujours ses intérêts en temps utiles et pour accéder aux informations", avait affirmé François Hollande. Pour l’Etat, l’objectif est clair : obtenir un recours en révision de la sentence arbitrale. La procédure pourrait obliger in fine Bernard Tapie à restituer tout ou partie des 403 millions d’euros qu'il a perçus.
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