Le conflit opposant la présidente du tribunal de Nanterre Isabelle Prévost-Desprez et le procureur Philippe Courroye dans le dossier Bettencourt sera peut être bientôt réglé par un match nul. Pour régler le problème posé pour "l'image de la justice", le procureur général de Versailles Philippe Ingall-Montagnier a annoncé mardi qu’il demandait à la Cour de Cassation le transfert dans une nouvelle juridiction de toutes les enquêtes judiciaires concernant le ministre du Travail Eric Woerth.
Le parquet mène actuellement trois enquêtes : une première sur le contenu d'enregistrements réalisés chez Liliane Bettencourt, dans lequel il est question de fraude fiscale; une deuxième, qui met en cause le ministre du Travail Eric Woerth pour financement politique illégal; et une dernière pour un possible conflit d'intérêt lié à l'embauche de la femme d'Eric Woerth.
"Dépayser" les dossiers en cours
Mais le procureur Philippe Courroye, qui mène ces trois enquêtes, a jusqu'à présent refusé d'ouvrir des informations judiciaires. Un refus qui alimente les soupçons d'impartialité du procureur, accusé d'être trop proche de l'Elysée.
Le procureur général de Versailles Philippe Ingall-Montagnier lui a donc demandé de confier à un juge d'instruction "l'ensemble des enquêtes préliminaires" qu'il menait jusque-là. Or l'intervention d'un juge d'instruction est synonyme de l'ouverture d'une information judiciaire, une procédure qui doit permettre au procureur général de Versailles de demander un dépaysement des dossiers du procureur Courroye. La Cour de Cassation doit décider dans quelques jours si le dépaysement des dossiers s'impose.
Deux magistrats en conflit frontal
Samedi, le procureur général de Versailles avait déjà indiqué son souhait de voir dépayser l'intégralité du dossier Bettencourt, notamment le supplément d'enquête pour "abus de faiblesse" de la juge Isabelle Prévost-Desprez. Une décision d'autant plus nécessaire à ses yeux que la guerre entre les magistrats s’est de nouveau cristallisée vendredi dernier.
Dans son édition de samedi, Le Monderévélait que le procureur de Nanterre avait enquêté sur la juge Isabelle Prévost-Desprez, en demandant aux policiers de se procurer les factures téléphoniques détaillées de deux journalistes du quotidien du soir, Jacques Follorou et Gérard Davet, soupçonnés d'être informés du dossier Bettencourt grâce à des fuites de la présidente du tribunal, Isabelle Prévost-Desprez.