A l’origine du volet politique de l’affaire Bettencourt, les enregistrements publiés par le site Mediapart vont enfin être étudiés par la justice. Le parquet de Nanterre a en effet lancé une enquête sur la validité de ces enregistrements et envisage l'ouverture d'une enquête pour blanchiment de fraude fiscale.
Le parquet de Nanterre, dirigé par Philippe Courroye, a soumis "une analyse juridique" au procureur général de Versailles, Philippe Ingall-Montagnier, et, "par ricochet, à la Chancellerie", a révélé samedi le Journal du dimanche.
"Nous attendons une confirmation technique de la police, sur la validité des enregistrements et envisageons effectivement une enquête pour blanchiment et une saisine du fisc", a précisé au JDD le procureur général.
Une fraude en partie déjà reconnue
Liliane Bettencourt, 87 ans, et son gestionnaire de fortune, Patrice de Maistre, pourraient alors être entendus dans le cadre de cette enquête préliminaire et s'expliquer sur les soupçons de fraude fiscale, notamment en Suisse, qu'ont fait naître les enregistrements.
D’autant que Patrice de Maistre a reconnu fin juin l'existence de deux comptes en Suisse non déclarés d'une valeur totale de 78 millions d'euros. Mais, a-t-il ajouté, "je n'ai participé à aucun transfert d'argent entre des biens de Mme Bettencourt situés en France et un paradis fiscal. Les choses sont claires (...) S'il y a eu des négligences, ce n'était pas volontaire (de la part de Mme Bettencourt)".
La polémique à nouveau relancée
Un tel développement ne devrait pas contribuer à apaiser le climat politique autour de cette affaire, en dépit de l'appel commun lancé samedi par Simone Veil et Michel Rocard dans une tribune publiée dans Le Monde.
"Nous prenons la parole ensemble pour affirmer haut et fort qu'il est temps, grand temps, de dire Halte au feu !" d'autant que l'actualité donne "de la scène sportive à la scène médiatique, suffisamment d'exemples d'intolérance et d'intempérance pour que les responsables politiques s'abstiennent d'apporter du grain à moudre à la broyeuse populiste", ont écrit l'ex-Premier ministre socialiste et l'ancienne ministre centriste.