Alors que la juge des tutelles rendra sa décision lundi concernant une éventuelle mise sous protection judiciaire de Liliane Bettencourt, à la demande de sa fille Françoise, l'héritière de L'Oréal ne cache pas sa colère à l'égard de celle-ci et confie aussi ses angoisses dans une interview parue dans le Journal du Dimanche.
"Je tremble"
Dans l'hypothèse où sa fille obtiendrait autorité sur elle, la milliardaire annonce la couleur. "Je pars à l'étranger", prévient-elle. "Si ma fille s’occupe de moi, j’étoufferai. Si c’est elle, je pars", déclare l'héritière de L'Oréal, qui exerce actuellement les droits de vote liés aux 30% de parts du géant mondial des cosmétiques et dispose, avec environ 17 milliards d'euros, de la troisième fortune de France.
L'occasion aussi pour Liliane Bettencourt de confier ses appréhensions à l'approche du verdict. "Je tremble ! Il n'y a plus qu'à prier. Vous croyez que la juge peut donner raison à ma fille ? Je ne vais pas bien dormir cette nuit. Je sens que je vais être écrabouillée", lâche-t-elle.
"Françoise veut me manœuvrer"
Par ailleurs, Liliane Bettencourt s'épanche encore une fois sur ses relations conflictuelles avec sa fille. "Françoise veut me manœuvrer, elle se sentira mieux quand elle me manœuvrera, mais moi, je m'en sentirai beaucoup plus mal. Au point peut-être où je n'aurais plus envie de vivre", ajoute-t-elle.
La milliardaire de 88 ans parle également de "cauchemar", accusant sa fille d'être animée par la "méchanceté". "Je l’ai élevée et pourtant elle est le contraire de moi. Je l’étouffe, même morte je l’étoufferai. Elle aurait voulu être comme moi et pourtant, elle est mon exact contraire. Elle ne ressemble pas non plus à son père", explique l'octogénaire pour laquelle "tout cela remonte à loin". "On peut dire que c’est regrettable, mais on peut dire aussi, à l’extrême, que c’est honteux".
Françoise Meyers-Bettencourt demande le placement de sa mère sous tutelle alors que depuis 2010 une enquête pénale s'est développée sur une présumée fraude fiscale, un possible financement illicite de l'UMP et de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, et depuis fin septembre, un éventuel abus de faiblesse.