Il s’agit de la première convocation annoncée dans le volet "atteinte à l’intimité de la vie privée" de la tentaculaire affaire Bettencourt. Fabrice Lhomme, ancien journaliste du site Mediapart, est convoqué le 5 avril chez le juge en charge du dossier Bettencourt, qui "envisage sa mise en examen". La justice lui reproche d’avoir, en juin 2010, "conservé, porté ou laissé porter à la connaissance du public" des enregistrements pirates réalisés chez Liliane Bettencourt, contenant des "paroles prononcées à titre privé ou confidentiel".
Ces enregistrements ont été réalisés pendant environ un an par le majordome de la milliardaire, qui cherchait, à l’époque, à prouver qu’elle était victime d’un abus de faiblesse. L’employé avait ensuite confié ces écoutes à la fille de Liliane Bettencourt, Françoise, qui les avait remises à la police.
Écoutes validées par la Cour de cassation
De larges extraits avaient alors été publiés par Mediapart et par Le Point en juin 2010. Ces enregistrements ont conduit à l’ouverture de plusieurs informations judiciaires à Bordeaux, où l’affaire a été dépaysée. Ils ont finalement été validés par la Cour de cassation fin janvier. La haute juridiction a estimé que ces écoutes pouvaient être utilisées comme preuves, tout en précisant que le fait de les avoir réalisées ou de les avoir publiées pouvait tomber sous le coup de la loi.
Le juge cherchera probablement à déterminer comment Fabrice Lhomme, qui ne sera sans doute pas le seul journaliste poursuivi dans ce volet, s'est procuré les document et pourrait bien buter sur le droit au secret des sources.
"Nous avons eu raison"
Fabrice Lhomme, aujourd’hui journaliste au Monde, a publié à la rentrée, avec son confrère Gérard Davet, un livre dans lequel la juge Isabelle Prévost-Desprez, qui a instruit le volet "abus de faiblesse" de l’affaire Bettencourt, témoigne des pressions qu’elle a subies.
"Nous avons eu raison de publier ces enregistrements, et nous avons fait oeuvre de salubrité publique", a réagi jeudi Fabrice Lhomme, rappelant qu'il y avait un "débat juridique très vif" sur la question des enregistrements. "C'est normal et c'est une discussion que j'envisage de manière très sereine".