Changements plutôt réussi pour la SNCF. Après le chambardement des horaires de 85% des trains, le président de la SNCF s'est réjoui lundi après-midi du taux de ponctualité de 95% des trains ayant circulé lors de la première journée de ce "big bang". Le tout sur les 7.975 trains prévus dimanche. Guillaume Pépy a souligné que ce résultat était meilleur que le taux de 90% de trains à l'heure atteint avec la grille 2011.
15.600 trains ont circulé lundi
La ponctualité est de 93% pour les TGV, 94% pour les TER, 96% pour les Transilien et 94% pour les Intercités, a précisé Jacques Damas, directeur général sécurité de la compagnie ferroviaire. La SNCF considère qu'un train est à l'heure lorsque son retard n'excède pas cinq minutes.
Les chiffres n'étaient pas disponibles à ce stade pour le service de lundi, au cours duquel devaient circuler quelque 15.600 trains soit 200 de plus par rapport au service qui s'est achevé le 10 décembre. Et ce, alors que près de quatre millions de personnes étaient concernées par ces nouveaux horaires.
Europe1.fr, avec les envoyés spéciaux d'Europe 1, vous propose un tour de France des gares pour voir où ça a bloqué... et où tout a roulé.
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Situation générale : La SNCF a fait savoir qu'environ 5.000 trains avaient pris le départ d'une des 3.029 gares françaises à 9 heures, dont 4.500 dits de la vie quotidienne (transiliens, TER), 250 TGV, 150 Intercités (ex-Corail) et 100 trains de fret. Quelque 15.600 trains devaient circuler lundi, avec 4 millions de passagers à bord. Seuls couacs à signaler :une grève des conducteurs entre Toulouse et Tarbes, une manifestation des élus et des usagers à Angoulême en Charente et quelques retards à cause de problèmes de signalisation sur la ligne des TGV Atlantique. Mais ces problèmes ne sont pas liés aux nouveaux horaires.
A Toulouse : Le trafic des trains régionaux était perturbé lundi entre Toulouse et Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées, par une grève des conducteurs, inquiets des conséquences du service entré en vigueur dimanche en même temps que les nouveaux horaires de la SNCF. 75% des dessertes étaient assurées entre la capitale régionale et Tarbes, mais seulement 30% en train, a précisé le directeur régional adjoint de la SNCF, Patrick Beteille. Le reste du trafic s'opérait par autocar. Ce sont les trains régionaux qui étaient les plus touchés, les trains grandes lignes circulant quant à eux normalement, a ajouté la SNCF.
Un bug, un heureux et un homme qui a froid
A Paris-Montparnasse (avec Mathieu Charrier) : Des voyageurs ont constaté que certains horaires affichés sur Internet ne correspondaient pas avec les horaires en gare. Le Paris-Tours de 6h19 lundi matin est finalement parti à 6h25. Un voyageur, interrogé par Europe 1, est en colère : "j'ai fait ma commande sur Internet et il était indiqué que le train partait à 6h19 alors qu'en fait il part à 6h25 donc ce ne sont pas les bons horaires indiqués. On a dû comparer le numéro de train affiché sur le billet et sur le tableau et c'est comme ça qu'on a su que c'était le bon. Il n'y aucun agent pour nous nous orienter à cette heure-ci."
Certains voyageurs utilisent quotidiennement la ligne Paris-Tours. Comme ces pensionnaires, interrogés par Europe 1, qui vont chaque semaine à l'internat. Ils prenaient le train à 6h45. Maintenant, c'est une demi-heure plus tard et c'est une grande satisfaction : "on prend le train de 7h21. C'est bien comme ça, on se réveille plus tard. Avant je me levais à 4h45 et maintenant, je me lève à 5h30. Les cours commencent à 9 heures mais du coup, on commence à 10 heures. On rattrape en fin de journée."
Un autre usager est, lui, beaucoup moins satisfait car il est désormais obligé d'attendre une heure dans le froid de la gare Montparnasse : "je suis obligé de me réveiller à trois heures du matin car l'horaire de mon train a été ramené vingt minutes plus tôt. Et là, j'ai une heure d'attente pour prendre un train à 7h20. On envisage de démanger de Chartres."
Une petite manifestation à Angoulême
A Angoulême (avec Stéphane Place) : C'est une des régions de France où il y a le plus de modifications d'horaires. Environ 80 personnes ont bloqué pendant une vingtaine de minutes lundi matin en gare d'Angoulême un TGV Bordeaux-Paris pour protester contre les changements d'horaires appliqués par la SNCF, notamment la suppression de trois TGV desservant Angoulême. Les utilisateurs quotidiens de cette ligne protestent contre ces changements, comme Maryse, interrogée par Europe 1 : "on a un train pour se rendre au travail à 6h48. On avait plus de souplesse avant, ce qui permettait par exemple lorsqu'on rentrait tard la veille de partir un petit peu plus tard le lendemain. Aujourd'hui, on a plus de possibilité. On a un seul train en tout et pour tout, compatible avec des horaires de bureaux. Et en plus, le trajet est allongé d'environ 25 minutes. On arrive à près de quatre heures de trajet par jour".
A Blois (avec François Coulon) : La ville de Blois, dans le Loir-et-Cher, est en guerre contre ces nouveaux horaires. Lundi matin, le maire Marc Gricourt était sur les quais pour accompagner les voyageurs. Interrogé sur Europe 1, il a fait part de sa colère : "depuis un an et demi où nous évoquions avec les responsables de Réseau ferré de France (RFF) et de la SNCF, la mise en place du cadencement, nous avions fait part de nos doléances. Nous avions eu l'impression d'avoir une oreille attentive et puis quand le verdict est tombé, ça ne correspondait pas du tout à ce que nous attendions. Nous avons été pris pour des 'zozos'. Il y a beaucoup d'inquiétudes pour les salariés qui vont sur Orléans ou sur Paris. Ce sont quand même près de 2.000 personnes qui prennent le train chaque jour pour aller à Paris. Il y a des trains en moins, une desserte unique directe à 6h58 pour Paris et ensuite il faut attendre 11h58 pour avoir un train rapide."
A Lille (avec Lionel Gougelot) : A la gare de Lille Flandres, les premiers TER sont partis lundi matin, vers 5h30, sans aucune difficulté. Dans cette gare, les horaires de 800 trains régionaux ont été bouleversés. Des agents SNCF sont sur le pied de guerre depuis dimanche matin. Ils sont repérables à leur blouson blanc. Ils sont mobilisés pour aller à la rencontre des voyageurs et les informer de ces bouleversements. Eric, le chef d'escale de la gare, interrogé par Europe 1, est déjà sur les quais. "On s'organise pour la prise en charge, l'orientation de la clientèle et puis pour donner les horaires. Dimanche, on a eu une bonne journée. La différence aujourd'hui, c'est que la clientèle travaille".
Vers 9 heures, l'envoyé spécial d'Europe 1, signale des retards entre dix et trente minutes sur les lignes régionales pour les trains à destination de Lille.
"Un billet pour un train qui n'existe pas"
A Poitiers avec Julien Pearce, l'envoyé spécial : Des enfants devaient faire le voyage entre Poitiers et Paris dimanche soir avec un accompagnateur de la SNCF dans le train de 18h20. Mais à l'heure du départ, il n'y avait aucun train, ni d'accompagnateur. Les familles n'avaient pas été prévenues du changement d'horaires. Nicolas est l'un des pères de familles concernés, interrogé par Europe 1 : "mes enfants ont un billet pour un train qui n'existe pas. Le train devait partir de Poitiers à 18h20. Le train avec le même numéro est, en fait, parti à 20h20. On n'a pas été informé de cette situation. Il n'y avait pas d'accompagnatrice. C'est un train pour des enfants voyageant seuls. L'accompagnatrice était informée du changement mais pas les familles donc on est huit à dix familles à chercher des renseignements. Et finalement, ils sont en surréservation sur le train de 20h20. Si on n'avait pas appelé la SNCF, on ne saurait pas ce qu'il en est. On m'a dit, si j'ai une réclamation, de bien vouloir écrire. Mais pour l'instant, pas d'excuses. Ce sont pourtant des enfants. Ils vont se coucher très tard ce soir, il y a école demain. On aurait aimé un coup de fil, une petite orientation".
A Clermont-Ferrand avec Stéphane Barnoin, notre correspondant : Le changement de la gare d'arrivée à Paris ne passe pas auprès des usagers. Il arrive désormais gare de Bercy. Dans ce train bondé de lundi à 6h02, les usagers sont mécontents. Cette gare n'a pas de ligne RER et seulement deux lignes de métro. Sandrine, une voyageur interrogée par Europe 1, est furieuse : "C'est scandaleux, on est à Clermont-Ferrand, on nous prend pour des ploucs. Moi avant, j'habitais Lyon et on avait un TGV direct pour aller à Paris. Aujourd'hui, je suis à Clermont et je suis obligée de prendre un train pour aller à Bercy. Je dois aller jusqu'à la station Saint-Sébastien-Froissard. Ça me fait trois changements, trois métros à prendre donc je vais être obligée de prendre le taxi."
Certains voyageurs déplorent également que la gare de Bercy soit "trop petite" avec moins de services, "pas suffisamment de machines pour changer les billets, pas suffisamment de guichets, pas de salons grands voyageurs. Je trouve ça lamentable".