Deux morts présumés, 40 millions de litres consommés chaque année en France : la surveillance des boissons énergisantes (ou BDE) a débuté en 2008 et elles inquiètent toujours les autorités sanitaires.
Alors que, l’agence nationale de sécurité sanitaire, l'Anses, remet mardi un rapport sur les risques liés à leur consommation, Europe1.fr vous résume ce qu'il faut savoir sur les BDE :
• Les enjeux. Marisol Touraine, ministre de la Santé, s'était dite favorable à une taxe sur ces boissons. Elle avait même été inscrite dans le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2013, avant d’être censurée par le Conseil constitutionnel en décembre 2012, au motif qu'aucun "critère objectif et rationnel" ne la justifiait. Une reconnaissance des dangers ouvrirait la porte à l’instauration d’une taxe sur ces boissons.
• Sémantique. Les boissons énergisantes n’ont rien à voir avec les boissons énergétiques. Les boissons de type BDE (contenant caféine, ginseng, taurine ou vitamines) ne favorisent pas la récupération des sportifs et augmentent le risque de déshydratation, particulièrement lorsqu’elles sont coupées avec de l’alcool.
• Conseils d’utilisation. A l’instar des médicaments, il faut lire la notice avant de consommer du Red Bull (ou autre Monster, Burn, etc.). Il est réservé à l’adulte, déconseillé aux femmes enceintes et aux sportifs selon les autorités sanitaires.
• Qui en boit ? Le problème est que ces boissons sont consommées comme sodas. Une enquête européenne, réalisée dans 16 pays auprès de 52.000 personnes, commandée par l’Efsa (Autorité européenne de sécurité des aliments), montre que 30% des adultes en boivent, dont 12% jusqu’à 4,5 litres par mois. Plus de 50% de la consommation se fait avec de l’alcool (pour les adultes et les adolescents). 68% des 10-18 ans en ont consommé dans l'année et 12% d'entre eux en consomment 7 litres par mois. Enfin, 18% des enfants âgés de 3 à 10 ans en avaient bu dans l'année.
• Les risques. Les effets rapportés sont d'ordre cardiaque (tachycardie ou trouble du rythme), neurologique (crises d'épilepsie, tremblements, vertiges...), psychiatrique (angoisses, agitation, confusion).
• Les cas. En juin 2012, l'Anses indiquait avoir reçu plusieurs signalements d'effets indésirables suspectés d'être liés à la consommation de boissons énergisantes, dont deux cas mortels suite à une crise cardiaque. Elle faisait notamment état de 24 cas recensés via les centres anti-poison et l'InVS (institut de veille sanitaire), dont treize pour lesquels "un lien de causalité possible ou probable a pu être établi".
• Les solutions proposées. L'association de défense des consommateurs Consommation Logement et Cadre de Vie (CLCV) a demandé lundi, dans un communiqué, à ce que les teneurs en caféine de ces boissons soient réglementées, et qu'un étiquetage spécifique soit mis en place.
• Taxation. "Il y a urgence à considérer cette consommation sous l'angle sanitaire, sous l'angle de la santé publique. Ma proposition est effectivement une taxe comportementale, sans doute entre 0,5 et 1 euro par canette. Je pense que cette addition peut être dissuasive", a estimé au micro d'Europe 1 Gérard Bapt, député socialiste qui propose de taxer fortement ces boissons. "Aujourd'hui, nous avons les éléments sanitaires. Le gouvernement et le Parlement dans son ensemble, n’auront aucune raison de s’y opposer", a-t-il espéré.
Le ministre du Budget Bernard Cazeneuve n'est de son côté pas convaincu qu'une nouvelle taxation serait la bonne solution face à la problématique. "Je ne suis pas favorable à ce qu'on ajoute des taxes aux taxes. Il y a 1000 manières de contrôler la consommation", a-t-il expliqué au micro de RMC mardi.