Une enquête sur une série de vols dans les châteaux du Bordelais a abouti lundi à une série d'interpellations entre le Sud-Ouest et Paris.
L'info. Vingt personnes ont été placées en garde à vue lundi dans le Sud-Ouest et en Ile-de-France dans une enquête sur une série de vols de grands crus dans les châteaux du Bordelais, a-t-on appris auprès de la gendarmerie. Le préjudice de ces vols est estimé à plus d'un million d'euros.
300 gendarmes mobilisés du Sud-Ouest à Paris. Les interpellations ont mobilisé quelque 300 gendarmes en Haute-Garonne, dans le Tarn-et-Garonne, les Pyrénées-Atlantiques, l'Ile-de-France et en Gironde, où se trouvaient les commanditaires de ce réseau "très structuré" et "professionnel", qui sévissait depuis le mois de juin, a-t-on indiqué de même source.
Javel et "home-jacking". Cinq hommes, âgés de 18 à 55 ans, sont soupçonnés de former le noyau dur du réseau, c'est-à-dire les "casseurs". Les autres organisaient le recel, avec deux équipes distinctes de receleurs. Les voleurs, "très bien renseignés", procédaient toujours selon un mode opératoire similaire, indique le colonel Rety, qui commande la gendarmerie en Gironde. "48 heures ou 24 heures avant la commission des faits, ils volaient un véhicule utilitaire, parfois avec violence. Dans les 24 heures, ils commettaient une infraction sur le château. Ils prenaient les bouteilles qui les intéressaient et qu'ils avaient bien ciblés", détaille le colonel Rety au micro d'Europe 1. Les malfaiteurs dispersaient ensuite des détergents ou de l'eau de Javel pour effacer toute trace après les effractions. Les véhicules étaient généralement retrouvés brûlés quelques heures après les faits.
"Systématiquement des très grands crus classés". Les gendarmes ont retrouvé lors des interpellations "plusieurs centaines de bouteilles de vin", des "dizaines de milliers d'euros" en liquide, des véhicules volés, des armes de poing et d'épaule. Les bouteilles retrouvées valaient particulièrement chères. "Ce sont systématiquement des très grands crus classés qui étaient volés, certainement en raison d'une commande extérieure. Les bouteilles étaient soit pour écoulées dans les restaurants, soit écoulées sur le marché français ou étranger", informe le colonel Rety.
Le milieu très discret. Souci d'image oblige, le milieu bordelais du vin était resté très discret sur ces vols, une quinzaine entre juin 2013 et début février 2014, qui se produisaient environ "tous les quinze jours". Les derniers faits remontaient au 5 février. Treize châteaux au total et deux dépôts, où étaient stockées des bouteilles provenant de plusieurs châteaux, ont été visés.
"Très connus de la justice". L'enquête était menée depuis plusieurs mois par le Groupement de gendarmerie de la Gironde et la section de recherches de Bordeaux pour démanteler ce réseau comptant au moins 24 personnes, qui agissait notamment sur "commandes" et comporte des individus pour certains "très connus de la justice". Sur les vingt personnes interpellées, une quinzaine sont originaire de Gironde, où elles se trouvent en garde à vue. Les gardes à vue devraient être maintenues jusqu'à jeudi, les gendarmes ayant la possibilité d'interroger les suspects pendant 96 heures dans cette affaire concernant une association de malfaiteurs, mise en cause pour des vols "en bande organisée".