"Toute la Ve République, toute la classe politique savait qu'il y avait des financements occultes", a déclaré l’avocat Robert Bourgi, lundi matin sur Europe 1, avant de préciser : "j'évalue à 20 millions de dollars ce que j'ai remis à monsieur Chirac et à Dominique de Villepin, cela entre 1995 et 2005".
Dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, l'avocat franco-libanais a accusé Jacques Chirac et Dominique de Villepin d'avoir reçu des fonds occultes provenant de plusieurs chefs d’Etats africains. "Ces pratiques existaient même du temps de messieurs Pompidou, Giscard d'Estaing et Mitterrand", a détaillé lundi le pilier de l'obscure "Françafrique", avant de lancer : "je veux une France propre".
"J’ai agi en mon nom personnel"
"Il n’y a aucune relation entre mes déclarations et le procès Clearstream (dont le jugement est attendu cette semaine), c’est une simple coïncidence. J’ai agi en mon nom personnel, personne ne m’a commandé cette interview, c'est ma conscience qui m’a dicté le devoir de parler parce que j’ai assisté à trop de choses", a prévenu Robert Bourgi.
"Je ne roule pour personne, je ne suis le conseiller de personne", a-t-il répondu aux accusations de manipulation politicienne :
"Quand je suis allé voir monsieur Sarkozy, ministre-candidat, (...) il m'a regardé : 'qu'est-ce que c'est que ça ? Mais je croyais que c'était terminé'", a-t-il déclaré. Et Robert Bourgi de précisé que Nicolas Sarkozy lui aurait répondu : "Robert, ici tu es le bienvenu et ces pratiques, je n'en veux pas. Le règne des mallettes, c'est terminé, mais ta connaissance de l'Afrique, j'en ai besoin".
Les cadeaux accordés à Villepin
Robert Bourgi a pourtant des précisions à donner lorsqu'il évoque l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, qui aurait, accuse-t-il, bénéficié de nombreux cadeaux de la part de chefs d'Etat africains. "Comme le président Bongo et les présidents africains savaient que Dominique de Villepin aimait l'art africain et qu'il était un admirateur de l'empereur, il recevait des bustes de l'empereur, des pièces rares qui concernent Napoléon et des masques africains", a-t-il précisé.
"Je souhaite qu'on les retrouve (ces œuvres) et d'ailleurs, il me semble qu'il y a deux ans, monsieur de Villepin a fait procéder à une vente de certaines de ces pièces", a-t-il ajouté.
"Heureux" que Chirac ait retrouvé la mémoire
"Je suis heureux que monsieur Jacques Chirac ait décidé de porter plainte contre moi pour diffamation et je suis heureux pour lui et sa famille qu'il ait retrouvé tout d'un coup la mémoire parce que dans l'affaire des emplois fictifs, il souffre d' anosognosie et pour ma part, il retrouve tout d'un coup ses facultés intellectuelles", a poursuivi l'avocat, à propos de la plainte déposée par Chirac et Villepin à son encontre.
Et le pilier de la "Françafrique" de préciser qu'il n'a "aucune preuve, dans ce domaine-là, il n'y a aucune preuve, aucune trace et tout le monde le sait, à commencer par les magistrats". Néanmoins, "je me tiens à la disposition des juges", a-t-il ajouté.