"On a l’impression d’avoir été victime d’un mauvais coup du sort". Un mois jour pour jour après l’enterrement des deux Français enlevés par des membres d’Aqmi avant d’être tués au Niger le 7 janvier dernier, la sœur de Vincent Delory, Anabelle, n’arrive pas à tourner la page. La faute aux zones d’ombres qui entourent la mort de son frère.
Les circonstances de la mort de Vincent Delory n’ont pas pu être établies clairement, contrairement à celles de son ami. Antoine de Léocour a été exécuté d’une balle dans la nuque par les ravisseurs lors de l’intervention militaire.
Les questions la torturent
"Pourquoi Vincent était à coté d’un véhicule seul ? Pourquoi le véhicule a explosé ? Pourquoi on n’a pas réussi à les ramener vivants ?", s’interroge Anabelle Delory, qui s’exprime pour la première fois et en exclusivité au micro d’Europe 1. "Si il avait été plus loin de la voiture et si la voiture avait explosé deux minutes plus tard…", continue-t-elle, "ce sont des choses qui nous torturent parce qu’on n’arrive pas à recoller toutes les pièces du puzzle".
"Aujourd’hui, c’est une vraie volonté de comprendre comment ça s’est déroulé", confie-t-elle avant d’ajouter : "ce n’est pas une volonté de rechercher un responsable ou un coupable. Ca ne nous le ramènera pas. Mais on veut vraiment comprendre comment ça a pu nous arriver à nous".
"Victime d’un coup du sort"
Le désarroi dans la famille Delory est à son maximum. Un mois et dix jours après le drame, la sœur de Vincent dit avoir "l’impression d’avoir été victime d’un mauvais coup du sort et d’une accumulation de malchance assez impressionnante". Et de récapituler : "ça s’est passé très loin. On n’y était pas. Et dans un pays que l’on ne connaît pas".
"Il était au mauvais endroit au mauvais moment", se résigne Anabelle Delory. Pour autant, elle considère "abominable, ce qui s’est passé et dans les conditions dans lesquelles ça s’est passé".
"On tiendra le choc"
L’intervention des forces spéciales, durant laquelle Vincent Delory et Antoine de Léocour sont décédés, a été filmée. La famille des victimes devraient pouvoir la visionner. Un élément extrêmement important pour Anabelle Delory qui assure en avoir "besoin dans (son) deuil", parce que, résume-t-elle, "tout ce qui s’est passé était tellement improbable".
"On a envie encore de retracer les dernières heures qu’il a vécues" :
La famille de Vincent Delory est prête à affronter l’horreur. "Si les images sont dures, ce qu’il a du vivre a dû être encore plus dur", estime Anabelle Delory. "On n’était pas avec lui. On n’a pas pu l’accompagner dans ses derniers instants. Au moins, pour lui, on a envie de le faire. On tiendra le choc même si c’est dur", juge-t-elle.
Dansquelques mois, les parentsd’Annabelle et de Vincent Delory se rendront peut-être au Niger sur les lieux du drame. En attendant, ils continuent d’être suivis psychologiquement. La famille devrait toutefois se constituer partie civile quand une instruction judiciaire sera ouverte. Et ce, pour que les deux victimes ne soient jamais oubliées.