C'est de l'Elysée qu'est venu le feu vert pour mettre fin à la grogne des CRS. La décision de ne pas supprimer deux compagnies à Lyon et Marseille a bien été annoncée lundi soir par Brice Hortefeux place Beauvau à l'issue d'une réunion avec les syndicats, mais la Présidence de la République a suivi de très près la crise, selon les informations d'Europe 1. Récit d'un après-midi ponctué de coups de théâtre.
Premier acte. Lundi après-midi, le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant, ancien directeur de la Police, reçoit en toute discrétion le patron du premier syndicat des gardiens de la paix, pour entendre ses arguments.
Deuxième acte. Une réunion a lieu à 17 heures entre les syndicats et Frédéric Péchenard, directeur général de la police nationale. Les syndicalistes ressortent furieux car Frédéric Péchenard n'a pu que confirmer la suppression des deux compagnies à Lyon et Marseille. Ils réclament l'arbitrage du ministre de l'Intérieur. Brice Hortefeux quitte le ministère avec ses gardes du corps pour se rendre à pied à l'Elysée.
Dernier acte. Au sommet de l'Etat, le ton est donné : il faut arrêter la fronde des CRS. Les syndicats sont alors convoqués pour une deuxième réunion dans la soirée et cette fois, c'est Brice Hortefeux lui-même qui leur annonce la bonne nouvelle. Au nom du "dialogue social et de la concertation", le ministre explique qu'il privilégie finalement le redéploiement de 280 CRS, soit l'équivalent de deux compagnies, "prélevés sur les effectifs globaux de 12.000 CRS", soit le prélèvement de 4 à 5 fonctionnaires en moyenne dans chaque unité. Symboliquement, on ne touche plus au nombre de compagnies de CRS.
Un bémol. Cette solution relance la grogne des gendarmes qui ont déjà perdu huit escadrons. Et eux n'ont pas de syndicats, et donc moins de chance d'être entendus par l'Elysée. "Il y a un déséquilibre flagrant entre les deux forces de l'ordre" dénonce Jean-Caude Seguin, directeur de la revue l'Essor de la gendarmerie nationale, sur Europe 1. Six autres unités sont programmées pour être rayées des effectifs mobiles dans les mois qui viennent dont Rennes, qui a prêté main forte à l'armée en Afghanistan, précise-t-il. Une situation choquante, selon lui, qui "un jour prochain, risque d'entraîner "une véritable explosion".