Résolus à traverser la Manche pour rejoindre la Grande-Bretagne, une soixantaine de migrants syriens sont installés depuis mercredi sur une passerelle du port de Calais. Déterminés, certains d'entre eux ont même engagé une grève de la faim. Arrivé vendredi matin sur place, le préfet du Pas-de-Calais, Denis Robin, a laissé entendre que ces migrants pourraient voir leur situation régularisée en France.
"Ils se sont mis dans une impasse". "Aujourd'hui, les Syriens présents ici se sont mis dans une impasse qui ne fera pas évoluer leur situation. Ce que nous pouvons faire c'est leur donner un statut sur le territoire français, de sorte qu'ils n'aient plus de problème", a expliqué le préfet. "Autrement dit de faire une demande d'asile à l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides), qui est prêt à traiter leurs dossiers en urgence", a-t-il ajouté avant de préciser : "il y a 95% de réussite pour avoir le statut dans leur situation de Syrien", venant d'un pays où sévit une guerre civile. Il faut donc les convaincre d'avoir une logique de dialogue pour obtenir un hébergement de par ce statut, le temps d'avoir une solution avec la Grande-Bretagne". En effet, les Syriens ne sont pas intéressés par une régularisation française et veulent seulement rejoindre l'Angleterre.
Pas "d'installation définitive". Denis Robin s'est toutefois montré clair sur les conditions de la demande d'asile. "Je ne les incite pas à s'installer en France mais à régulariser leur situation en France", a-t-il insisté. "Tout l'objet de la discussion" est de "faire comprendre" aux clandestins syriens "que faire une demande ne veut pas dire une installation définitive en France", a ajouté le préfet du Pas-de-Calais.
"En contact avec l'ambassade britannique". Ces soixante migrants syriens, dont une quarantaine poursuit la grève de la faim entamée mercredi, n'a qu'une revendication : traverser la Manche. "La demande des réfugiés syriens, c'est d'accéder en Grande-Bretagne, où ils disent avoir de la famille. Il y a des choses qu'on sait faire en France et d'autres qu'on ne sait pas faire", a expliqué Denis Robin. "On ne peut pas décider de leur accès en Grande-Bretagne", a-t-il ajouté, soulignant toutefois être "en contact avec l'ambassade britannique" à Paris.
Évacuation interrompue. Vendredi matin, la police a tenté d'évacuer la passerelle sur laquelle sont regroupés les migrants syriens. Les réfugiés avaient installé de grandes bâches bleues au-dessus de la passerelle pour se protéger de la pluie. Ils avaient également placé des barrières de chantier de part et d'autre de la passerelle, barrières retirées vendredi matin par les policiers municipaux en vue de l'évacuation. La cinquantaine de CRS, arrivée autour de 8 heures au terminal ferry, a cessé sa progression et a fait demi-tour en apercevant deux réfugiés sur le toit d'un bâtiment, menaçant de se jeter dans le vide.
>> Lionel Gougelot, le correspondant d'Europe 1 dans le Nord, était à Calais vendredi matin lors de la tentative d'évacuation des migrants. Il a posté cette photo sur Twitter.
Évacuation suspendue à CalaisLes réfugiés syriens attendent une délég des services britanniques de l'immigration. pic.twitter.com/g57Z9MisHv— Gougelot lionel (@Lgougelot) October 4, 2013