C’est un nouveau bras de fer comptable qui s’annonce entre le gouvernement et l’industrie pétrolière. La ministre de l'Economie Christine Lagarde a déclaré sur Europe1 dimanche, que le gouvernement pourrait imposer aux pétroliers de réduire le prix des carburants à la pompe s'ils ne justifient pas les baisses insuffisantes de prix constatées jusqu'ici par l'administration. Les pétroliers devront fournir une explication au gouvernement.
La ministre recevra les pétroliers
Christine Lagarde a livré dimanche les résultats préliminaires d'un rapport commandé il y a 15 jours à la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCR), et selon elle, la baisse ne suit pas suffisamment celle du prix du baril de brut.
La ministre entend recevoir les pétroliers dans les dix jours. "Avec Frédéric Lefebvre (secrétaire d'Etat chargé du commerce, ndlr), on va demander des explications complémentaires" aux industriels du secteur, a prévenu la ministre sur Europe 1 dimanche. Le prix du baril de brut est passé de 120 dollars mi avril à 115 dollars. D’après le rapport, cette baisse a certes été sensiblement répercutée sur le prix du gazole mais pas sur celui de l’essence sans plomb.
Un début d’explication
Le président de l’Union Française de l’Industrie Pétrolière (UFIP) Jean-Louis Schilansky a une explication. "Aux Etats-Unis, c’est la période où il y a beaucoup de trafic où les gens se déplacent beaucoup et comme c’est un marché pratiquement uniquement essence, il y a en ce moment une tension sur le marché du sans plomb 95 ", a-t-il précisé. Jean-Louis Schilansky se dit prêt à se rendre, chiffres à l’appui, à l’invitation de Christine Lagarde.
"Pas possible de réglementer les prix"
En revanche, pour Frédéric Plan, délégué général de la FF3C, la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage, il n'est "pas possible techniquement de réglementer les prix". Le prix du baril n'est pas totalement corrélé à celui du prix à la pompe car "les produits finis qui sont importés en France, voire fabriqués dans les raffineries ne sont pas corrélés à des barils mais à des cotations de produits finis que ce soit pour l'essence sans plomb ou pour le gazole", a-t-il expliqué lundi matin sur Europe 1.
Enfin, il est difficile de toucher à la mécanique des prix car c'est un marché international et l'Etat français, pas plus que les autres Etats, n'a de prise sur ces marchés internationaux. Le seul levier, qui est déjà en place, est celui de la concurrence. Et en France, les marges sont déjà les plus faibles d'Europe, selon lui.