Dominique Strauss-Kahn est ressorti libre mercredi vers 18h30 de la caserne de gendarmerie lilloise après deux jours et une nuit de garde à vue. Mais l'ex-patron du FMI n'est pas complètement tiré d'affaire puisqu'il a reçu une convocation ultérieure devant les juges. Selon le Journal du Dimanche, les magistrats ont demandé à revoir DSK le 28 mars prochain. Ils devraient l'entendre sous le statut de témoin assisté ou en vue d'une éventuelle mise en examen.
L'ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) avait été convoqué mardi matin et placé en garde à vue pour "complicité de proxénétisme aggravé en bande organisée" et "recel d'abus de biens sociaux" dans le cadre de l'affaire du Carlton. L'avocate de l'ex-directeur du FMI, Me Frédérique Baulieu, a déclaré que son client était "parfaitement satisfait d'avoir été entendu dans des conditions de grande sérénité". DSK a répondu aux questions des enquêteurs de façon "parfaitement tranquille", a ajouté l'avocate. "Il s'est complètement expliqué sur l'ensemble des faits pour lesquels il a été interrogé", a-t-elle poursuivi.
Interrogé par la police des polices
L'ancien ministre socialiste a été interrogé au sujet de soirées libertines auxquelles il aurait pris part, notamment à Paris et Washington, afin de déterminer s'il savait que les femmes qui y participaient étaient des prostituées. Selon une source proche de l'enquête, DSK a soutenu en garde à vue qu'il ne pouvait imaginer que ces jeunes femmes puissent être des prostituées car certaines "lui ont été présentées par des responsables policiers".
L'audition, menée par le groupe d'enquête proxénétisme de la PJ de Lille, s'est déroulée dans une aile isolée du bâtiment. Preuve que cette garde à vue n'était pas tout à fait ordinaire, la directrice adjointe de la PJ de Lille était présente.
Dominique Strauss-Kahn a également dû s'expliquer avec les fonctionnaires de l'IGPN (Inspection générale de la police nationale, la "police des polices"), sur ses liens avec le commissaire divisionnaire Jean-Christophe Lagarde, chef de la Sûreté départementale du Nord, suspendu de ses fonctions, qui a été mis en examen dans cette affaire.
"Il devait le savoir"
Dodo la Saumure, proxénète belge impliqué dans l'affaire du Carlton, affirmait mardi matin sur Europe 1 qu'il ne savait pas si DSK avait "réellement conscience" que les jeunes femmes étaient payées. "Il devait le savoir quand même. Il n'était pas dans un jeu de séduction. Quand on connaît une jeune fille, ou une dame, depuis une heure, et que l'on a des rapports avec, en général, c'est des rapports tarifés", a-t-il estimé.
Plusieurs voyages avec des prostituées avaient été organisés et financés par deux entrepreneurs du Pas-de-Calais, Fabrice Paszkowski, responsable d’une société de matériel médical, et David Roquet, ancien directeur d’une filiale d’Eiffage. Le dernier voyage remonterait à la période du 11 au 13 mai, à Washington, soit à la veille de l’arrestation de DSK dans l’affaire du Sofitel de New York.