L'annonce. "Aucune violence déclarée ne doit rester sans réponse." C'est le principe directeur du nouveau plan interministériel contre les violences faites aux femmes, que doit présenter Najat Vallaud-Belkacem vendredi. La ministre des Droits des femmes veut "doubler" les moyens mis dans le précédent plan (2011-2013), qui était doté de 31,6 millions d'euros. Et il y a urgence, car le phénomène est toujours d'une ampleur redoutable. Selon une étude du ministère de l'Intérieur, 148 femmes, sont mortes victimes de leur conjoint ou ex-conjoint, en 2012.
>> Une campagne baptisée "libérons la parole" va être lancée dans les médias :
En moyenne, une femme meurt ainsi tous les 2,5 jours du fait d'un homicide commis au sein du couple. Et, alors qu'une femme sur dix serait victime de violences conjugales, moins d'une sur cinq, parmi elles, se déclare à la police ou à la gendarmerie, selon le ministère des Droits des femmes. Conséquences sur la santé (mentale et physique), intervention de la police, de la justice, aides sociales, etc. : le coût économique de ces violences est estimé à 2,5 milliards d'euros par an pour les Finances publiques.
Le plan. Pas moins de 66 millions d'euros sur trois ans seront mobilisés. Le plan prévoit ainsi la création de 1650 places d'hébergement d'urgence d'ici 2017, l'expérimentation d'un kit médical de constatation en urgence des viols ou encore d'envoyer une circulaire aux préfets pour encourager au maximum les femmes (et les policiers) à porter plainte plutôt que déposer de simples mains courantes, qui restent souvent sans suites. Le numéro d'appel,le 3919, sera joignable 7 /7j et 24/24h dès le 1er janvier 2014. Le nombre d'intervenants sociaux en commissariats et brigades de gendarmerie sera également doublé (350 prévus, au total, en 2017) et "un véritable parcours de soins à la victime sera systématiquement offert", a détaillé la ministre. Des mesures seront, enfin, activées en cas de violences conjugales pour désolidariser les comptes et les dettes des conjoints.
Une meilleure formation des professionnels. Des moyens seront également mis pour former tous les professionnels à détecter les victimes : les juges, les policiers, les travailleurs sociaux et en première ligne, les médecins généralistes. Le premier réflexe est tout bête, mais aujourd'hui certains médecins n'osent pas encore le faire : poser simplement la question : "Avez vous déjà subi des violences au cours de votre vie ?" Les médecins apprendront aussi, comme pour toutes les pathologies, à créer un réseau. Pour les patients diabétiques, ils travaillent avec un diététicien et un endocrinologue, pour les femmes victimes de violence, ils seront en lien avec un psychologue, des associations et même des avocats.
>> Un film poignant, destiné aux professionnels, a d'ailleurs été réalisé sur le sujet :
Des mesures déjà sur les rails. Le projet de loi sur l'égalité entre les hommes et les femmes, qui a été voté au Sénat et doit être débattu à l'Assemblée en janvier, comporte déjà un volet sur la protection des femmes contre les violences. Il prévoit notamment de développer les "stages de responsabilisation" pour les auteurs de violences, de renforcer le dispositif de l'ordonnance de protection des victimes, et souhaite que l'éviction du conjoint violent du domicile devienne désormais la règle. La généralisation du "téléphone grand danger", expérimenté dans certains départements pour permettre à une femme menacée de contacter rapidement les secours, est prévue au 1er janvier 2014.